Heureusement que le Sénégal a battu la Pologne (2-1), sinon le début de la campagne de Russie des équipes africaines aurait ressemblé à celle de Napoléon. Mais le bilan n’est tout de même pas flatteur avec quatre équipes sur cinq battues.
Retour sur une entame qui reste cruelle. « Il faut distinguer les matches de l’Égypte et du Maroc, nuance pour l’AFP Alain Giresse, ancien sélectionneur du Gabon, du Mali et du Sénégal. Ils ont été malheureux, mais n’ont pas fait de mauvais matches, même s’ils n’ont pas été dominateurs ils perdent en toute fin de rencontre, le Maroc sur un but contre son camp, en outre. »
L’Égypte a fini par craquer sous la pression de l’Uruguay (1-0), d’une tête – sur corner – de José Maria Gimenez (89e). Mais les « Pharaons évoluaient sans leur star, Mohamed Salah, convalescent. Ce mardi soir, il sera titulaire face à la Russie pour le 2e match des Egyptiens.
Le Maroc, lui, s’est sabordé contre l’Iran (1-0) sur une tête plongeante d’Aziz Bouhaddouz dans ses propres filets à la dernière seconde, lui aussi sur corner… Le premier héros malheureux du Mondial russe était inconsolable.
– « Tendances individualistes » –
« Pour le Maroc, il fallait gagner ce match-là car après l’Espagne et Portugal arrivent », rappelle « Gigi », deux demi-finales de Coupe du monde au compteur (1982, 1986), sous-entendant que le Royaume n’est déjà pas loin de la porte.
Les Nigérians « ont été battus par meilleurs qu’eux » contre la Croatie (2-0), adoucit encore Giresse, mais les « Super Eagles » n’ont « pas été à la hauteur de leur brillant parcours de qualification », où ils ont étouffé le Cameroun, champion d’Afrique, l’Algérie, 8e de finaliste au Brésil il y a quatre ans, et la Zambie.
Le Nigeria, qui a pris un but… sur corner et concédé un penalty vraiment ballot par William Ekong, a montré des failles. « Il faut que tout le monde soit concerné par le collectif, ils ont des tendances individualistes », note Giresse, qui a trouvé que les leaders de l’équipe, « Moses, Obi Mikel ou Iwobi ont été un peu décevants ».
Enfin la Tunisie n’a perdu « qu’en fin de match » contre l’Angleterre (2-1), « ça se joue à peu de choses, mais ils ont énormément subi la pression anglaise », rappelle le troisième de la CAN-2012 avec les Aigles du Mali. Et pris deux buts sur les deuxièmes temps de corners, la maladie africaine de ce Mondial.
Au final, « les équipes africaines sont un peu en-dessous des attentes par rapport à des nations habituées de la Coupe du monde, mais rien n’est fini », souligne-t-il.
– « Pas de problèmes organisationnels » –
Galérer pour sortir de la phase de groupes, « c’est leur niveau, conclut Giresse. L’Afrique est en marche, elle progresse, les organisations progressent aussi, par exemple on n’a pas noté de problèmes organisationnels comme cela a pu arriver avec l’une ou l’autre sélection ».
Le Cameroun, par exemple, absent pour la première fois depuis 2006, s’était déchiré au Brésil, où Benoît Assou-Ekoto et Benjamin Moukandjo en étaient venus aux mains sur le terrain. Les querelles de primes ont quelques fois pourri la vie des sélections africaines.
Mais tout n’est pas perdu. Au Brésil, pour la première fois deux nations africaines s’étaient qualifiées ensemble pour les 8e de finale, l’Algérie, éliminé par l’Allemagne (2-1 a.p.), et le Nigeria, battu par la France (2-0).
La meilleure performance pour une équipe africaine reste les quarts de finale, atteints par le Cameroun en 1990, le Sénégal en 2002 et le Ghana en 2010. Pour Claude Le Roy, recordman des Coupes d’Afrique des Nations (CAN) sur le banc (9), l’objectif était trois qualifiés pour le second tour en Russie. Réaliste?