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Mondial 2018 : les équipes arabes pouvaient-elles espérer mieux ?

Mondial 2018 : les équipes arabes pouvaient-elles espérer mieux ?

Au vu de ce qu’ont montré jusque-là les équipes arabes et africaines, il n’est pas étonnant que la première nation à être éliminée dans ce mondial russe soit un représentant à la fois du continent noir et du monde arabe.

Le Maroc, battu ce mercredi 20 juin par le Portugal de Cristiano Ranaldo par 1-0, dit adieu au rêve de rééditer l’exploit de 1986, quand les Lions de l’Atlas s’étaient qualifiés au deuxième tour du mondial mexicain aux dépens du même Portugal.

Quelques heures après le revers essuyé par l’équipe entraînée par le Français Hervé Renard, le match Uruguay-Arabie Saoudite allait donner lieu à une double déconvenue.

Les Saoudiens, qui ont subi la loi des coéquipiers de Luis Suarez, voient eux aussi leurs chances d’aller aux 1/8 de finale s’évaporer, au même titre que l’Egypte qui espérait une défaite de la Celeste pour continuer à espérer.

L’espoir était insensé, tant les Saoudiens n’avaient aucun atout pour prétendre battre la coriace formation uruguayenne. Ils l’ont montré d’ailleurs en match d’ouverture face à la Russie qui les a balayés d’un humiliant 5-0.

Le Mondial 2018 ne pouvait pas plus mal commencer pour les représentants arabes, mais le pire était à venir. Alors qu’on n’a joué que la deuxième journée des groupes A et B, le bilan est déjà catastrophique. Trois équipes arabes, dont deux représentant aussi l’Afrique, sont éliminées.

Deux matches, deux défaites, zéro point au compteur, 1 buts marqué pour 12 encaissés, tel est le bilan de l’Arabie Saoudite, de l’Egypte et du Maroc. L’autre représentant arabe et africain, la Tunisie, n’est pas encore éliminée, mais n’est pas mieux lotie.

Pour leur premier match, les Aigles de Carthage n’ont pas résisté à la furia des Anglais (2-1) et leurs chances de se ressaisir lors de la deuxième journée sont plus que mince puisqu’ils auront à affronter l’ogre belge, troisième au classement Fifa.

Seule bonne nouvelle en perspective, les équipes arabes ne sortiront pas l’escarcelle vide de ce rendez-vous planétaire, non pas sur un coup d’éclat d’un de leurs représentant, mais grâce aux caprices du tirage au sort qui a mis l’Egypte et l’Arabie Saoudite dans la même poule. Les deux équipes s’affronteront pour le compte de la dernière journée et pourront ainsi engranger au moins un point chacune. Mais le bilan ne sera pas plus reluisant.

Les moyens existent, mais…

Les autres représentants africains ont connu des fortunes diverses. Le Nigéria a été sèchement battu par la Croatie (2-0), tandis que le Sénégal a sauvé quelque peu l’honneur du continent noir en venant à bout de la Pologne (2-1). Seuls les Lions de la Téranga sont donc bien partis pour arracher leur billet pour les huitièmes de finale et faire peut-être autant bien que leurs aînés qui, en 2002, avaient atteint le stade des quarts.

En attendant un autre exploit de l’Afrique noire, c’est la désillusion pour les équipes arabes. Pourtant, les nations qualifiées ne manquent ni de moyens matériels ni d’infrastructures et, pour certaines, elles sont venues en Russie armées d’atouts à première vue redoutables.

Le Maroc, qui vient tout juste de se voir recalé dans la course à l’organisation du Mondial 2026, dispose de nombreux stades aux normes internationales.

L’effectif de son équipe nationale est constellé de joueurs de haut niveau, nés et formés en Europe et jouant pour certains pour les plus grands clubs de la planète, comme Mehdi Benattia (Juventus) et Ashraf Hakimi (Real Madrid).

Côté encadrement, le groupe est confié au Français Hervé Renard, un coach qui fait ses preuves en Afrique en menant la Zambie puis la Côte d’Ivoire à la victoire finale en Coupe d’Afrique des Nations (2012 et 2015 respectivement). Il est vrai que les coéquipiers d’Amrabat n’ont pas été ridicules lors de leurs deux premiers matchs et ont montré de belles choses que ce soit face à l’Iran ou au Portugal, mais au final, il leur a manqué ce petit quelque chose qui fait la différence dans le haut niveau.

Le haut niveau a ses exigences

L’Egypte, septuple champion d’Afrique, n’a rien à envier au Royaume chérifien ni en joueurs ni en moyens matériels. Le pays a été par le passé candidat à l’organisation de la Coupe du monde et dispose donc d’une infrastructure acceptable.

Son équipe nationale est coachée par un technicien de renom, l’Argentin Hector Raul Cuper, et son effectif actuel compte un joueur cité un moment comme un potentiel candidat au Ballon d’or de la Fifa, avant qu’une blessure ne brise son rêve.

Il s’agit de Mohamed Salah qui a mené Liverpool jusqu’en finale de la Ligue des champions d’Europe, où il fut blessé à l’épaule. Salah a raté le premier match de son équipe face à l’Uruguay, mais il n’a rien pu faire lors de son retour devant la Russie, à part transformer un penalty.

La blessure de celui qui a été désigné meilleur joueur de Premier League cette saison fut sans doute un coup dur pour l’équipe des Pharaons, mais elle ne saurait expliquer à elle seule son naufrage.

Certes, l’Arabie Saoudite n’a ni un Benattia ni un Salah dans son effectif, mais sur son banc se trouve un technicien, l’Argentin Juan Antonio Pizzi, qui n’a rien à envier ni à Hervé Renard ni à Raul Cuper.

Ses infrastructures sont inégalables et les moyens mis à la disposition du groupe sont colossaux avec des stages de préparation dans les meilleurs sites du monde et le patron des sports dans le royaume, Turki Al-Sheikh, n’a pas manqué de le rappeler pour crier sa déception.

La Tunisie, 21e nation mondiale et première à l’échelle africaine au classement Fifa, pouvait aussi prétendre à mieux, elle qui dispose d’un groupe, certes dépourvu de stars, mais homogène à souhait. Hélas, jusque-là du moins, les Aigles de Carthage ont déçu.

Le haut niveau mondial a ses exigences et le monde arabe ne semble prêt à l’affronter. La faute sans doute à l’ingérence des politiques dans la gestion du sport, allant parfois jusqu’à interférer dans le choix des joueurs sélectionnés, la faiblesse des championnats locaux, l’absence d’une véritable politique de formation à la base… Dommage, car au risque de le répéter, ce ne sont pas les moyens qui manquent dans ces contrées.

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