Habituée aux scandales à répétition et aux éliminations précoces, l’Angleterre surprend depuis le début de la Coupe du monde par ses bons résultats, mais aussi par son étonnante sérénité qu’elle tire sans doute de son sélectionneur aux vestons impeccables Gareth Southgate.
Désormais débarrassés de la malédiction qui les poursuivait lors des séances de tirs au but, les Anglais semblent s’avancer vers le quarts de finale de samedi face à la Suède en toute tranquillité et dans une bonne humeur rafraîchissante. Voilà qui change !
Le sentiment de résignation et de sinistrose qui accompagnait les “Trois Lions” à l’orée de chaque compétition internationale depuis plus de 50 ans a en effet disparu avec l’arrivée de l’ancien défenseur Southgate à leur tête.
“Ça a souvent été un danger ces dernières années, de ne penser qu’aux potentiels problèmes qui pourraient arriver. Franchement, j’ai connu ça dans le passé. On doit se concentrer sur ce qu’on peut accomplir avec cette équipe”, a estimé le sélectionneur anglais en annonçant la liste des 23 qu’il allait amener avec lui pour l’aventure russe.
Encensé pour son management humain, sa transparence vis-à-vis de la presse et sa confiance dans la jeunesse, Gareth Southgate a jusqu’ici évité les écueils de ses prédécesseurs à la tête des Trois Lions. Quoi qu’il arrive, son mandat a déjà dépassé les attentes.
– Empathie et décontraction –
En dehors des terrains, il a impressionné les observateurs avec sa décontraction malgré quelques ennuis rencontrés au cours de la préparation.
Il s’est par exemple très bien sorti de la polémique provoquée par le tatouage de l’attaquant Raheem Sterling représentant un fusil d’assaut. Il a également géré avec délicatesse les questions sur les craintes de racisme en Russie ou les révélations sur la dépression de son défenseur Danny Rose.
“Il a beaucoup d’empathie, il s’exprime clairement, il a une forte intelligence émotionnelle et il comprend très bien comment rester connecté avec les joueurs et tirer le meilleur de son équipe – et de son staff”, juge le directeur technique de la Fédération anglaise Dan Ashworth.
“Il est très calme et sait comment gérer les situations difficiles qui surviennent toujours avant un tournoi, renchérit le milieu de terrain Eric Dier. Je pense que l’équipe apprécie vraiment cela et on respecte sa façon de faire.”
Pourtant, la nomination impromptue de Southgate à la tête des Trois Lions en septembre 2016, à la suite du sélectionneur déchu Sam Allardyce, n’avait pas vraiment suscité d’enthousiasme.
Son expérience en tant que manager se résumait à trois saisons à Middlesbrough qui s’étaient conclues par une relégation en deuxième division, tandis que sous ses ordres, les U 21 anglais avec Harry Kane dans leurs rangs n’avaient pas réussi à sortir des poules à l’Euro-2015.
– Parties de fléchettes à Repino –
Mais sa gestion de l’équipe et des matches en Russie a fini par convaincre les plus sceptiques. Et cette atmosphère détendue a contaminé jusqu’aux journalistes.
Il y a seulement deux ans, lors de l’Euro-2016 en France, le staff avait interdit aux médias de poser des questions sur les compétitions de fléchettes organisées entre joueurs. Cette ambiance crispée autour de l’équipe s’était reflétée dans une série de performances catastrophiques qui s’était soldée par une élimination humiliante face à l’Islande en 8e de finale.
Cette année, à l’inverse, on peut apercevoir dans la tranquille station balnéaire de Repino à 45 kilomètres au nord-ouest de Saint-Pétersbourg, les joueurs anglais venir défier les journalistes aux fléchettes.
Et les victoires devant la cible n’ont pas été la seule réussite des Anglais en Russie. Après une première victoire contre la Tunisie (2-1) et un succès flamboyant contre le Panama (6-1), les Anglais ont atteint les quarts de finale d’un tournoi pour la première fois depuis douze ans, tombant de surcroît dans la partie de tableau la plus abordable.
Pour que l’euphorie se poursuive, les Anglais n’a plus qu’à battre les Suédois samedi à Samara !