Après une première partie de Coupe du Monde où elle s’était fait une place discrète, offrant des arguments à ses défenseurs comme à ses détracteurs, la VAR s’est brutalement invitée à l’avant-scène lundi et a rouvert les débats sur la place de la vidéo dans le football.
. Montée de fièvre
“La VAR, c’est +bullshit+!” Captée par les caméras, la sentence de l’ailier marocain Noureddine Amrabat est venue conclure une difficile soirée sur le front de l’assistance-vidéo à l’arbitrage.
Avec Iran-Portugal (1-1) et Espagne-Maroc (2-2), la dernière journée du groupe B était tendue et riche d’enjeux lundi et elle s’est finie dans une certaine confusion, entretenue plus qu’apaisée par la VAR.
Côté marocain, la colère était nourrie par le but de l’égalisation espagnole dans le temps additionnel, inscrit par Iago Aspas et validé après une très longue attente et la vérification des images pour un éventuel hors-jeu. Surtout, Hervé Renard et ses joueurs ont contesté la validité du corner qui a précédé le but, estimant qu’il aurait dû être frappé de l’autre côté.
Lors de Portugal-Iran, ce sont pas moins de trois décisions qui ont porté à débat. Le penalty accordé à Cristiano Ronaldo (et stoppé par Ali Beiranvand) était il-valable ? La star portugaise aurait-elle dû être expulsée pour un mouvement du coude sur un défenseur adverse? Y avait-il vraiment une main délibérée sur le penalty accordé aux Iraniens en fin de match ?
Plus tôt dans la journée, le match Egypte-Arabie saoudite (1-2) avait lui aussi été marquée par une intervention – très longue – de l’assistance-vidéo, pour finalement aboutir à la confirmation d’un penalty en faveur de l’Arabie saoudite.
. Omniprésence et cohérence
Au-delà de la question de la justesse de ces différentes décisions — et de l’impact sur le nombre de penalties, déjà 20 sifflés, plus que dans toute autre Coupe du monde — la journée de lundi a mis en lumière certains des défauts de la VAR, utilisée pour la première fois en Coupe du Monde cette année en Russie.
Les Unes des quotidiens espagnols ce mardi étaient à ce titre révélatrices de la place prise par le dispositif, pourtant censé rester discret: “Merci la VAR!” pour Mundo Deportivo et “Vive la VAR!” pour As et Marca. Pas un mot pour le but magnifique de Iago Aspas. La frappe sublime de Quaresma sur le but portugais a elle aussi été oubliée au profit des faits de jeu liés à l’arbitrage.
Les réactions furieuses des joueurs ont par ailleurs mis à mal l’idée selon laquelle la présence de la vidéo mettrait fin aux contestations et aux polémiques.
Carlos Queiroz, le sélectionneur portugais de l’Iran s’est de son côté demandé si l’arbitre-vidéo ne jugeait pas à la tête du client. “La réalité c’est ça: vous stoppez le jeu pour la VAR. Il y a un coup de coude. Un coup de coude, c’est carton rouge dans les règles. Dans les règles, il n’est pas précisé si c’est Messi ou Ronaldo…”, a-t-il pesté.
Au total, la VAR a affiché lundi certains des principaux défauts soulignés par ses détracteurs: omniprésente, lente et pas particulièrement incontestable. L’ancien avant-centre de l’Angleterre Alan Shearer en a tiré sur Twitter une conclusion abrupte: “La VAR est une connerie absolue”.
Interrogée par l’AFP, la Fifa renvoie de son côté au point-presse qui sera organisé vendredi, lors duquel sera présenté un bilan de l’arbitrage lors du premier tour.
. Du positif et des questions
Lors de ce rendez-vous, la Fifa, dont le président Gianni Infantino a pesé de tout son poids pour obtenir l’introduction de la VAR dès le Mondial-2018, devrait s’attacher à présenter ce qui a bien fonctionné.
Si deux fédérations, celles du Brésil et de la Serbie, ont déjà officiellement demandé des explications sur l’utilisation du système, d’autres en effet n’ont pas eu à s’en plaindre et des erreurs ont effectivement été corrigées.
Du penalty accordé à la France et à Griezmann à celui retiré au Brésil et à Neymar, en passant par un carton jaune réattribué au bon joueur péruvien lors du match face aux Bleus, il y a eu des interventions avisées des assistants-vidéo, avec des durées globalement raisonnables jusqu’à lundi.
Mais l’une des questions centrales demeure, celle de l’uniformité. Pourquoi la VAR est-elle intervenue lundi sur la main du Portugais Soares mais pas vendredi quand le Serbe Mitrovic a été pris en sandwich par deux Suisses ?