L’équipe du Maroc de football est aux portes de la finale du Mondial 2022. C’est la première fois qu’une sélection africaine et arabe atteint le stade des demi-finales de la compétition.
Un exploit qui n’a pas tardé à donner lieu à des tiraillements sur l’identité de cette équipe et la partie qu’elle représente : l’Afrique, les Arabes, le monde musulmans ou les Amazighs.
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C’est un authentique exploit qu’ont réalisé les lions de l’Atlas en terre qatarie, et ce n’est peut-être pas fini. Ce mercredi, ils disputeront à la France l’un des billets qualificatifs pour la dernière marche, avec de réelles chances de l’obtenir.
Dans les commentaires de la presse mondiale et des observateurs, c’est l’unanimité autour du mérite des joueurs et du staff technique marocains. Mais l’exploit est différemment présenté : tantôt c’est une performance d’une équipe africaine, tantôt c’est celle d’une nation arabe, d’un État musulman ou encore d’un pays amazigh nord-africain.
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Le royaume est tout cela à la fois. Situé à l’extrême nord-ouest de l’Afrique, le Maroc a une population majoritairement berbérophone. En 2011, il est devenu le premier État à institutionnaliser Tamazight comme langue officielle, suivi par l’Algérie en 2016. L’autre partie de la population est arabophone. Le pays est membre de la Ligue des États arabes depuis 1958.
La religion du Maroc est l’Islam, avec une infime minorité juive.
Il est donc dans l’ordre des choses que le retentissant succès footballistique soit revendiqué un peu par tout le monde. Comme ce fut le cas il y a quelques semaines avec le Ballon d’or de Karim Benzema, présenté à la fois comme une victoire de la France, de l’Algérie, du Maghreb, des Amazighs, du monde arabe, des Musulmans…
Le Maroc représentant de l’Afrique…
Depuis le début de la compétition, tous les éléments constitutifs de l’identité du Maroc sont ressortis que ce soit dans les tribunes, dans le geste des joueurs sur le terrain ou dans les commentaires des journalistes et des analystes.
En plus du drapeau marocain, l’emblème de l’amazighité est omniprésent. Même le drapeau palestinien est brandi bien que le royaume a normalisé ses relations avec Israël il y a deux ans.
Le commentateur tunisien de BeIn Sport a pris l’habitude de prononcer à chaque fin de match des Marocains, le mot « thanemirth » qui signifie « merci » en Tamazight.
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Plusieurs polémiques ont toutefois éclaté et ont pris de l’ampleur à mesure que les Lions de l’Atlas avançaient dans la compétition.
Il y a eu d’abord les propos de l’artisan de cette épopée, le sélectionneur Walid Regragui. Interrogé en conférence de presse, le coach a répondu que son équipe représentait avant tout le Maroc, puis l’Afrique.
Des propos en fait très sensés. Car pour rester dans le football, il y a la Fédération marocaine affiliée à la Confédération africaine (CAF). La sélection marocaine a disputé son billet qualificatif à d’autres nations africaines, elle est donc le représentant de l’Afrique.
Mais le raisonnement de Regragui n’a pas été apprécié dans certains pays arabes où l’on tente de présenter le succès des marocains comme celui de tous les Arabes.
Dans un tweet qu’il a mis en ligne pour féliciter les Lions de l’Atlas pour leur qualification au dernier carré, le président turc Recep Tayyip Erdogan, a lui aussi parlé de « première sélection africaine » à atteindre ce stade de la compétition d’un Mondial de football. Là encore, les mêmes réactions de dénonciation émanant des mêmes parties qui veulent que l’exploit du Maroc soit celui du monde arabe.
Face à toutes ces polémiques, les coéquipiers de Nordine Amrabat ne se laissent pas distraire. Ils ont rendez-vous avec l’Histoire et ne comptent pas trébucher à une marche du but. Leur responsabilité est d’autant plus grande qu’ils portent les espoirs de centaines de millions de personnes en Afrique et ailleurs.