Il y a 18 ans, le 9 juillet 2006, l’immense carrière de Zinedine Zidane, comme joueur, prenait fin de la plus inattendue des manières.

Sur en carton rouge, dans la prolongation d’une finale de coupe du monde. L’homme qui lui a brandi le carton, l’arbitre argentin Horacio Elizondo, n’a rien oublié de ce moment qui a marqué l’histoire du football mondial. Il l’a raconté dans les moindres détails au journal français Le Parisien. 

« C’était une finale plutôt tranquille en fait, relativement normale, sans animosité particulière, même lors de la prolongation », se souvient Elizondo.

Cette finale du mondial allemand opposait la France de Zinedine Zidane à l’Italie. Le temps réglementaire s’est achevé sur le score d’un but partout.

C’était comme un film au scénario écrit à l’avance et dans lequel deux acteurs joueront les scènes principales.

Mondial 2006 : le coup de boule légendaire de Zidane

Zinedine Zidane a marqué une Panenka après une faute de Materazzi dans la surface. Le même Materazzi a égalisé pour l’Italie. À un peu plus de dix minutes de la fin de la prolongation, on retrouve encore les deux hommes.

Zinedine Zidane assène un violent coup de tête à l’Italien et l’arbitre l’expulse. C’était le dernier match et sans doute l’un des meilleurs de sa carrière. Aux tirs aux buts, la France, sans Zidane, perd. 

Placide au moment de sanctionner le comportement du capitaine français, l’arbitre avoue qu’il a eu « de la peine » pour le joueur après coup.  

« J’ai vu passer Zidane la tête basse à côté du trophée et ça m’a fait de la peine pour lui. Je me suis mis à sa place : c’était le meilleur joueur du Mondial, le dernier match de sa carrière… Il s’est toujours comporté comme un seigneur sur le terrain et en dehors. » 

Même pendant ce moment si unique, Zinedine Zidane est resté lui-même. Il a accepté la décision sans faire d’histoires.

« Je pars, je ne vais pas créer de problème. Mais j’ai une question : vous savez ce qu’il s’est passé avant ? », a simplement dit Zinedine Zidane.  L’arbitre lui demande de raconter mais « il se retourne et part sans rien expliquer ». 

Mondial 2026 : l’arbitre qui a exclu Zidane raconte ce qu’il s’est passé

Ce qui est fait et fait. L’action aurait pu déboucher sur la plus grave erreur d’arbitrage de l’histoire du football. Car le coup de boule de Zidane, presque personne ne l’a vu. Ni l’arbitre ni ses assistants. Il a aussi échappé à une grande partie du public, concentré sur la surface de réparation où se déroulait le jeu. 

Les arbitres et la FIFA sont passés à côté de quelque chose de grave. « Vous imaginez, quatre arbitres qui n’auraient pas vu un truc pareil ? », dit Horacio Elizondo.

L’arbitre de la finale du Mondial 2006 raconte dans le détail comment il a pris une telle lourde décision alors qu’il n’a rien vu. On parle d’une époque où l’assistance vidéo n’existait pas encore.

Pour arriver jusqu’à Materazzi, allongé par terre, l’arbitre a dû faire 40 mètres. En courant, il a demandé à ses deux assistants via l’oreillette s’ils avaient vu quelque chose. La réponse est non. Mais un homme a tout vu, le quatrième arbitre, l’Espagnol Luis Medina Cantalejo.

« Le numéro 10 a mis un coup de tête dans la poitrine du maillot bleu. Un coup de tête terrible ! Quand tu vas le voir à la télé à l’hôtel, tu ne vas pas y croire », lui a-t-il dit.

Mondial 2026 : qui a vu le coup de boule de Zidane ? 

L’arbitre n’a alors pas hésité. Il explique qu’il faisait confiance à ses assistants avec lesquels il travaillait depuis trois ans. Quand il a regardé la vidéo après le match, il a constaté que le coup de tête  était « terrible » et « plus fort » que ce qu’il  avait imaginé.

Beaucoup de choses ont été dites sur ce qui s’est passé, notamment la décision de l’arbitre. Le sélectionneur de l’équipe de France Raymond Domenech avait par exemple avancé que le quatrième arbitre avait vu l’action sur un écran. Elizondo dément : « Non. Il a vu l’action de ses yeux en direct. Il m’a averti tout de suite, il n’a pas eu le temps de regarder un écran. Impossible », assure-t-il.

L’arbitre fait une autre confidence à propos de ce moment qui est le plus fort de sa carrière. Le monde entier l’a vu courir vers le premier arbitre assistant. En fait, il avait fait du cinéma. C’était une ingénieuse idée pour faire accepter sa décision sur une action qu’il n’avait pas vue. « Je savais déjà qu’il n’avait rien vu (…) En fait, je suis juste allé lui dire : il reste dix minutes, reste concentré », révèle-t-il.