Comme un apéro avant le banquet russe, avec un gros zeste de controverse: la préparation des Bleus pour la Coupe du monde a débuté ce mercredi à Clairefontaine, et Adrien Rabiot a mis les pieds dans le plat en refusant son statut de suppléant.
Le joueur du Paris SG figure parmi les onze suppléants, qui doivent se tenir prêts en dehors de Clairefontaine en cas de blessure chez les 23 mondialistes, jusqu’au 4 juin, date de remise officielle à la Fifa de la liste finale des Bleus.
Une énorme déception pour le milieu de 23 ans, doublé dans la dernière ligne droite par Steven N’Zonzi, appelé en doublure de N’Golo Kanté au poste de sentinelle. Il y a deux ans, Rabiot avait été réserviste pendant la préparation de l’Euro-2016, doublé cette fois-là par Morgan Schneiderlin, choisi pour remplacer Lassana Diarra, forfait.
Mais cette place de suppléant avant le Mondial russe, Rabiot n’en veut pas, comme l’ont révélé mercredi les quotidiens L’Equipe et Le Parisien.
Il a signé un email à l’attention de Didier Deschamps où il prend d’abord acte de ce statut, puis indique: “Dans ces conditions, je ne pourrai pas suivre le programme” d’entretien physique envoyé en début de semaine aux onze suppléants, a précisé à l’AFP une source proche du dossier.
L’affaire fait grand bruit. Cette attitude a même fait réagir le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux: “quand on a l’honneur d’être appelé à porter le maillot tricolore et à défendre les couleurs de son pays, on répond présent, quel que soit le poste proposé”.
Deschamps doit s’exprimer ce mercredi après-midi en conférence de presse. Il avait expliqué jeudi n’avoir pas pris Rabiot dans les 23 car ses performances “en équipe de France ne sont pas du tout du même niveau qu’avec le PSG”.
Rabiot et les “états d’âme”
Le “Duc de Paname” compte six sélections, dont quatre titularisations, et avait fait jaser après avoir dit à propos de son entrée en jeu assez quelconque en Bulgarie, en octobre dernier: “C’était assez dur parce qu’il faisait froid, je n’étais pas chaud: j’avais aussi la peur de me blesser, quand on rentre dans des conditions comme ça”…
Samedi dernier, l’ancien arrière gauche de l’équipe de France et de Marseille, Eric Di Meco, résumait: “Des joueurs se sont éliminés d’eux-mêmes, je pense à Adrien Rabiot que j’aime beaucoup, que je voyais dans cette sélection, mais le problème, c’est qu’il ne veut pas jouer sentinelle, et les dernières fois qu’il était en équipe de France, il avait des états d’âme. Ça, Didier ne veut pas, et du coup le petit N’Zonzi en a profité”.
Du côté des joueurs convoqués, l’arrière droit Djibril Sidibé s’est présenté le premier au château yvelinois. Son état physique pose question depuis qu’il a décidé de se passer d’opération au genou, risquant ainsi la rechute.
L’ailier Ousmane Dembélé, lui, a subi dimanche un violent tacle qui lui a fait une “entorse de la cheville droite”, selon son club du FC Barcelone, mais plus de peur que de mal. “C’est rien. C’est une petite blessure. J’en ai pour cinq ou six jours de soins et c’est reparti! On ne va pas rater la Coupe du monde de cette façon!”, a-t-il confié à L’Equipe mardi.
L’arrière gauche Benjamin Mendy n’a joué qu’une grosse heure depuis fin avril, répartie en trois apparitions pour Manchester City, suite à son opération du genou droit à l’automne (ligaments croisés). Mais il se dit prêt. Le défenseur central Samuel Umtiti, lui, n’est pas apparu pour les trois derniers matches du Barça, en raison de douleurs au genou gauche.
Pogba et les “rênes”
Et puis, c’est dès l’entame de la préparation que les territoires se marquent, que se dessinent ou se calent les positions dans le groupe, apparues en filigrane tout au long des rassemblements de ces derniers mois.
Une question d’affinités et d’éventuels clans, mais aussi de leadership, incarné par Patrice Evra à l’Euro-2016, que seuls neuf parmi les 23 Bleus convoqués ont disputé.
Justement, l’extraverti Paul Pogba a annoncé qu’il comptait “prendre les rênes de l’équipe de France”, “essayer d’être patron, sur le terrain et en dehors du terrain”.
Le seul absent ce mercredi devait être Raphaël Varane, concerné par la finale de Ligue des champions avec le Real Madrid, samedi soir à Kiev.
Les Bleus ont trois matches de préparation (Eire le 28 mai au Stade de France, Italie le 1er juin à Nice, Etats-Unis le 9 juin à Lyon) avant le grand saut dans le groupe C du Mondial en Russie, face à l’Australie, au Pérou et au Danemark (les 16, 21 et 26 juin).