Joachim Löw a des soucis de riche: alors que son équipe peut se qualifier dès lundi soir pour le Mondial-2018, la principale préoccupation du sélectionneur allemand est de gérer la concurrence au sein d’un effectif d’une richesse inédite.
A trois matches de la fin des qualifications, la Mannschaft compte 5 points d’avance sur l’Irlande du Nord. Elle sera qualifiée pour son 17e mondial consécutif si elle bat lundi à Stuttgart la modeste Norvège, et que les Irlandais du Nord ne gagnent pas dans le même temps contre les Tchèques.
Mais même s’il lui faut attendre octobre pour valider son billet, l’Allemagne est sereine. Avec sept victoires en sept matches, 29 buts marqués et deux encaissés, les quadruples champions du monde ont déjà mis KO leurs sparring-partners.
Entretemps, et pour faire bonne mesure, ils se sont payé le luxe d’aller remporter la Coupe des Confédérations en Russie en juillet, avec une équipe « B » composée quasi-exclusivement de jeunes n’ayant pas participé à la conquête du titre mondial au Brésil.
Et c’est là, du côté de Sotchi et Saint-Pétersbourg, que les soucis – ou les bonheurs – de Löw ont commencé.
Car la Coupe des confédérations a révélé une génération émergente dotée de toutes les qualités du foot allemand moderne: maîtrise tactique, vitesse, finesse technique et mental de vainqueur.
Avec en prime, enfin, un « vrai » buteur de 21 ans, Timo Werner, qui manquait à la génération des champions du monde. Son seul problème, actuellement, est d’avoir été pris en grippe par le public à la suite d’un « plongeon » dans la surface, pour obtenir un pénalty la saison dernière contre Schalke.
Bluffé, le sélectionneur avoue n’avoir jamais connu une concurrence aussi exacerbée depuis sa prise de fonction en 2006. Avec des « sénateurs », comme Jérôme Boateng menacé par Niklas Süle (21 ans, Bayern Munich) en défense centrale, Sami Khedira par Julian Weigl (21 ans, Dortmund) en milieu défensif, André Schürrle par Julian Brandt (21 ans, Leverkusen), en attaque etc.
– Draxler de retour –
« La concurrence ne peut que renforcer l’équipe », s’est félicité Löw dimanche. « La Coupe des confédérations a été une expérience très importante pour de jeunes joueurs qui n’avaient pas encore évolué au plus haut niveau, mais maintenant, faire fusionner les deux générations ne se fait pas du jour au lendemain », a-t-il cependant admis.
Pour les deux matches de qualification de cette semaine, il avait retenu 24 hommes. Sept champions du monde seulement, et 17 vainqueurs de la « ConfCup ».
« Il n’y aura aucun ticket gratuit » pour le Mondial, a-t-il mis en garde en accueillant ses joueurs: « le talent, le potentiel… Tout ce qui a existé dans le passé ne compte pas ».
Les candidats au Mondial devront « jouer dans leur club et être performants » s’ils veulent être du voyage. Les Kroos, Müller, Özil et autre Khedira sont donc sous pression.
Reste que vendredi à Prague, où la Mannschaft a souffert pour s’imposer, ce sont encore les « anciens » qui, dans la tempête, ont maintenu le navire à flot: Özil, auteur de la première passe décisive pour Werner (1-0; 4e), puis Kroos, dont le coup-franc a trouvé la tête de Hummels pour le but de la victoire in extremis (2-1, 88e).
« Mats Hummels et les autres champions du monde ont cette fonction de modèle pour nos jeunes joueurs. Sur le terrain, ils montrent la voie », a dit Löw.
Contre la Norvège lundi, le coach a annoncé son intention de faire « deux ou trois changements », notamment en réintégrant en attaque Julian Draxler, le capitaine de l’équipe à la Coupe des confédérations.
« La situation dans le groupe nous permet de voir d’autres joueurs », a-t-il commenté, sans fausse modestie.