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Montée du RN en France : témoignages de Français d’origine algérienne inquiets

Montée du RN en France : témoignages de Français d’origine algérienne inquiets

Le premier tour des élections législatives françaises aura lieu dimanche 30 juin. Le second tour est prévu le 7 juillet. Le Rassemblement national, parti d’extrême-droite, est donné largement en tête dans les sondages. De quoi inquiéter fortement les Algériens de France dont certains songent à quitter le pays. « Je vis, je pense, je ris français… mais je refuse d’être spectatrice du rejet de mes enfants comme mes parents l’ont été », explique une avocate d’origine algérienne.

La montée en puissance du Rassemblement national (RN) a suscité une véritable onde de choc en France, notamment parmi les membres de la diaspora algérienne qui sont dans le collimateur du parti de l’extrême-droite, qu’ils soient binationaux ou détenteurs de titres de séjour.

Le RN (ex-Front national) a été fondé par Jean-Marie Le Pen, un ancien militaire accusé de torture en Algérie. Il est également partisan de l’Algérie française. Aujourd’hui, le parti est dirigé par sa fille Marine Le Pen. À plusieurs reprises, elle a fait des déclarations hostiles à l’Algérie et aux Algériens.

D’ailleurs l’abrogation de l’Accord de 1968 sur l’immigration algérienne figure en bonne place dans son programme.

Après la victoire du RN aux élections européennes qui se sont déroulées le 9 juin dernier et à quelques jours des élections législatives dans lesquelles le parti d’extrême-droite est donné vainqueur, une forte inquiétude s’est emparée des Français d’origine algérienne à la veille des élections législatives, au point que certains songent à quitter l’Hexagone. Des témoignages rapportés par le média français La Vie résument ce désarroi.

Montée du RN en France : « Ça rappelle les année 1930 »

Pour Sofiane Si Merabet, 43 ans, Français d’origine algérienne, la montée du RN et la perspective de le voir remporter les législatives rappelle l’ambiance qui a régné sur l’Europe pendant « les années 1930 ». Pour lui, le RN constitue un véritable « danger » pour la démocratie en France.

Ce Français d’origine algérienne reste toujours attaché à la France où il a grandi même s’il a déjà quitté le pays pour s’installer à Dubaï. Le 9 juin dernier, il a voté pour les élections européennes et il compte encore voter dimanche prochain pour faire barrage au RN.

Sofiane Si Mrabet, qui a étudié à Sciences Po et qui a travaillé à l’ambassade de France à Alger, confie dans son livre intitulé « L’Arabe Confus » qu’il a quitté la France afin « d’avancer sans se renier », ce qu’il a pu visiblement faire à Dubaï, un pays avec « une population constituée à 90 % d’étrangers ».

Français d’origine algérienne : marre de toujours « compenser » leurs origines

Pour Karima, 37 ans, une Française dont le grand-père est venu d’Algérie dans les années 1950, vivre en France en étant d’origine algérienne est synonyme de toujours devoir « compenser son nom, son visage et son prénom ».

Pour elle, la montée du RN et sa probable victoire aux législatives du 30 juin ne serait que la goutte d’eau qui fera déborder le vase et qui poussera beaucoup de Français d’origine algérienne à quitter la France.

La jeune femme dénonce les « stéréotypes » et s’indigne devant « un climat ambiant et des propos antimusulmans permanents et décomplexés ». Craignant le pire pour son avenir et celui de ses enfants, elle envisage depuis 4 ou 5 ans de quitter la France pour le Canada avec son mari ingénieur.

Karima « ne supporte plus » le regard accusateur porté sur la diaspora musulmane comme si elle était de mèche avec le terrorisme rien que parce qu’elle tient à sa religion. « Je ne peux plus regarder la télévision : tout tourne autour de l’islam, comme si c’était le premier problème des Français », s’est-elle indignée.

Français musulman : « Une relation à sens unique avec la France »

Et comme si ce climat hostile n’était pas suffisant, vient s’ajouter le spectre d’une victoire du RN aux législatives et de voir un ministre de la Justice issu du parti d’extrême-droite fondé par Jean-Marie Le Pen et d’anciens nazis.

« Le droit du pays des droits humains va-t-il servir des idéologies racistes et xénophobes ? », se demande cette Française d’origine algérienne, sans tout de même vouloir rester en France pour avoir sa réponse.

« Je vis, je pense, je ris français… mais je refuse d’être spectatrice du rejet de mes enfants comme mes parents l’ont été ». Pour elle, la relation des Français musulmans avec la France est « à sens unique », et il serait peut-être temps de la rompre pour voir si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs.

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