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Montée du RN : pourquoi les médecins algériens en France sont particulièrement inquiets

Montée du RN : pourquoi les médecins algériens en France sont particulièrement inquiets

En plus d’être constamment victimes de discriminations au sein des hôpitaux, avec la parole raciste qui se libère en France, les médecins étrangers exerçant sur le territoire français sont aussi inquiets de la perspective de voir le Rassemblement national (RN) à Matignon.

Les résultats du premier tour des élections législatives inquiètent au plus haut point les étrangers établis en France. Les praticiens à diplômes hors Union européenne (PADHUE), dont 50 % sont des Algériens, constamment pris pour cible par des candidats du RN, ne cachent pas leurs inquiétudes à cet égard.

« Nous avons reçu de nombreux messages de collègues témoignant de vives inquiétudes »

À ce propos, la secrétaire générale et porte-parole du syndicat SOS PADHUE, Kahina Hireche Ziani, dénonce une situation « intenable » des médecins étrangers au sein des hôpitaux français. En plus de la crainte d’être expulsé, d’autant que le RN n’a jamais caché son hostilité à leur égard, ils font aussi face à une montée de discrimination sur leur lieu de travail.

« Nous avons reçu, depuis le 30 juin, de très nombreux messages de collègues témoignant de vives inquiétudes », indique Kahina Ziani dans un entretien accordé ce vendredi 5 juillet au journal Le Nouvel OBS. Certains constatent « une montée des discriminations à leur égard », dénonce-t-elle.

Pour étayer ses propos, elle cite le cas de l’un de ses confrères à qui son chef de service a lancé, « maintenant, je veux que tu sois le premier arrivé le matin et le dernier parti le soir ». Apparemment, ce médecin doit faire beaucoup plus d’efforts que ses collègues pour pouvoir, au moins, garder sa place, pour le simple fait qu’il soit étranger.

D’autres racontent qu’on « refuse de les saluer » ou qu’ils sont interrogés constamment « sur leur pratique religieuse ». Or, l’intervenante estime que ces questions relèvent de la vie privée et ne devraient pas avoir lieu d’être dans la fonction publique.

Les inquiétudes sont particulièrement palpables chez les médecins algériens 

Face à cette situation jugée intenable, la SG de SOS PADHUE constate une hausse significative des demandes d’adhésion au syndicat, mais aussi une montée des inquiétudes quant à la forte présence de députés du RN à l’Assemblée, ce qui pourrait contraindre ces médecins « à devoir affronter de nouvelles réglementations ».

Les questions qui inquiètent les PADHUE en particulier sont, selon Kahina Ziani, « les expulsions ou les refus de régularisation ». La montée du RN « ne laisse entrevoir aucune perspective d’amélioration de notre statut, bien au contraire », déplore-t-elle.

Ces inquiétudes sont-elles justifiées ? Absolument, selon la porte-parole du syndicat, elle-même praticienne associée en psychiatrie : « Ils (Le RN, NDLR) ont voté contre tous les amendements visant à régulariser les PADHUE, même quand ils exercent et paient leurs impôts ».

Représentant la moitié des PADHUE en France, les inquiétudes sont particulièrement palpables chez les personnels de santé algériens, car « on sait bien ce que pense le RN des citoyens issus de ce pays », ajoute encore l’intervenante.

« Nous ferons barrage. S’il faut sortir dans la rue, on le fera »

Le syndicat n’a donc qu’à se préparer, car ces médecins étrangers sont « malheureusement déjà habitués » à vivre dans un climat de discrimination, professionnelle et administrative. « Nous ferons barrage. S’il faut sortir dans la rue, on le fera », tranche Kahina Ziani.

Elle met aussi en garde que si la parole raciste se libère encore davantage, « la situation va devenir intenable ». Cela pourrait même contraindre certains professionnels à démissionner et à quitter la France, ce qui serait « un désastre pour l’hôpital public » en France.

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