Le contexte international, conjugué aux multiples problèmes politico-économiques au Sahel, pourrait quelque peu éclipser sa mort. Mais l’élimination d’Abdelmalek Droukdel, qui a été annoncée samedi soir par la ministère françaises des Armées, constitue un coup dur pour la nébuleuse islamiste.
Annoncé à plusieurs reprises comme étant tué, le chef d’Aqmi, longtemps traqué en Algérie a fini par être neutralisé mercredi au nord du Mali, là où il a établi ses quartiers. Sa mort met un terme à une cavale qui aura duré vingt-sept longues années.
Ingénieur de formation, ce natif de Meftah, dans la wilaya de Blida, âgé d’une cinquantaine d’années, a rejoint le maquis en 1993 en ralliant l’ex-Groupe islamique armé (GIA), qui a été anéanti ensuite par l’armée algérienne.
Membre fondateur du GSPC en 1998, il en deviendra le chef en 2004 après la mort de Nabil Sahraoui éliminé dans la région de Bejaia. Rejetant les offres du pouvoir pour rendre les armes, Abdelmalek Droukdel, qui se fait appeler « Abou Mossaab Abdelwadoud », décide en 2006 de faire allégeance à Al Qaida, une année après avoir approuvé la mort de deux diplomates algériens en Irak.
En janvier 2007, le GSPC est rebaptisé « Al-Qaïda pour le Maghreb islamique » (AQMI). Durant cette année, il s’affirme comme le chef incontesté de la nébuleuse terroriste en Algérie en revendiquant la paternité de nombreux attentats spectaculaires : celui contre le Palais du Gouvernement en avril 2011, pour lequel il est condamné à la peine de mort par contumace, celui du mois de décembre de la même année contre le siège de l’ONU et celui de Lakhdaria au mois de juillet.
Confronté à une traque permanente des services de sécurité, à court d’approvisionnement en armes et coupé de la population, Droukdel a dû se tourner vers le Sahel où dès 2011 il a étendu son influence par le biais d’Ansar Dine, dirigé par Iyad Ag Ghaly, l’un des groupes qui prennent en 2012 le contrôle du nord du Mali jusqu’au lancement en janvier 2013 d’une opération internationale pour les en chasser, France en tête, rappelle l’AFP.
En mars 2017, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) est créé. Il réunit plusieurs formations jihadistes liées à Aqmi sous la direction de Iyad Ag Ghaly devenant ainsi le grand parrain. Nul ne sait à ce jour à quelle période ce vétéran de la guerre en Afghanistan a quitté les maquis algériens. Mais selon certaines sources, le coup de grâce porté contre son organisation remonte à 2018 lorsqu’un de ses bras droits chargé de la communication et de la propagande a été éliminé par l’armée algérienne dans la région de Jijel, maquis qu’il écumait ainsi qu’en Kabylie.
« Cela ne faisait pas longtemps qu’il était au Mali. Sans savoir s’il s’agissait d’un mouvement contraint par les événements en Algérie ou si cela était délibéré et donc en cohérence avec leur logique de développement, nous avions depuis un mois des informations que l’état-major d’Aqmi redescendait vers le nord du Mali. Cela a amené Droukdel à s’exposer », a indiqué ce samedi une source officielle française au journal « Le Monde ».
Reste à savoir quel sera l’impact de cette élimination sur l’action des groupes djihadistes opérant au Sahel et les très faibles résidus en Algérie.