Pas loin de 1 million d’euros en trois jours, la cagnotte lancée pour venir en aide à la famille du policier qui a tué le jeune Nahel connaît un franc succès en France.
Un succès financier seulement, puisque moralement, l’initiative n’honore ni ses initiateurs ni les contributeurs.
La cagnotte est dénoncée comme étant celle de « la honte » aussi bien à gauche que dans la majorité présidentielle.
Nahel a été tué mardi 27 juin d’une balle tirée à bout portant par le policier Florian M. au cours d’un contrôle routier à Nanterre en région parisienne.
Le jeune homme avait refusé d’obtempérer mais la justice à estimé que les conditions pouvant justifier l’usage de son arme par le policier n’étaient pas réunis.
L’auteur du tir a été inculpé d’homicide volontaire et écroué.
Des émeutes violentes ont éclaté dès mercredi dans les banlieues des grandes villes françaises.
Cette affaire a profondément divisé la classe politique et la société françaises, les milieux de droite et d’extrême-droite ayant pris fait et cause pour le policier et saisissant au vol la violence des émeutes pour réclamer plus de restrictions sur l’immigration.
L’engouement pour la solidarité avec le policier meurtrier, qui « n’a fait que son travail« , selon le polémiste d’extrême-droite Jean Messiha, illustre la « droitisation » croissante de la société française.
Car dans le même temps, une autre cagnotte est lancée, cette fois en solidarité avec la famille de la victime et elle n’a pas connu le même succès.
France : plus de 800.000 euros collectés pour la famille du meurtrier de Nahel
Entre les montants rassemblés en trois jours par l’une et l’autre cagnotte, il n’y a pas photo.
Selon BFMTV, celle lancée par Jean Messiha, porte-parole de la campagne électorale d’Éric Zemmour à la présidentielle de 2022, a rassemblé plus de 825 000 euros jusqu’à ce lundi matin.
Celle destinée à soutenir la mère de Nahel, en revanche, n’a rassemblé que 60 000 euros, soit près de 15 fois moins.
Jean Messiha a accompagné la cagnotte en faveur du policier de ce message : « Soutien pour la famille du policier de Nanterre, Florian M. qui a fait son travail et qui paie aujourd’hui le prix fort« .
Selon les détails fournis par BFMTV, plus de 40 000 personnes ont participé à cette initiative en faisant des dons allant de 5 à 3000 euros.
Une autre cagnotte a été lancée en soutien à la famille du policier par « l’Amicale des motards« . Elle a rassemblé 53 000 euros.
L’initiative n’est pas soutenue que par l’extrême-droite. Eric Ciotti, président des Républicains, a dit « comprendre que les Français veuillent soutenir une famille qui est aussi dans l’épreuve« . Les syndicats de policiers ont aussi applaudi.
Les critiques sont venues de la gauche et de la majorité présidentielle. Le site spécialisé GoFundMe, qui héberge la cagnotte, a été critiqué par le Premier secrétaire du parti socialiste Olivier Faure, l’accusant d’héberger « la cagnotte de la honte » et d’entretenir « une fracture déjà béante« . L’homme politique a exigé la fermeture de la cagnotte.
Eric Bothorel, député de Renaissance, a accusé Jean Messiha de « souffler sur les braises » et d’être un « générateur d’émeutes« , estimant que la cagnotte est « indécente et scandaleuse« .
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