Le plus célèbre des musiciens du Golfe, le saoudo-yéménite Abou Bakr Salem Belfakih, est mort dimanche à 78 ans dans un hôpital de Ryad après avoir marqué de son empreinte la musique populaire dans la région et au-delà. Signe de sa popularité, sa mémoire a été saluée à la fois par les rebelles yéménites houthis et par les autorités du président Abd Rabbo Mansour Hadi, qui sont pourtant en guerre au Yémen.
Chansons populaires, ballades romantiques ou chants patriotiques, Abou Bakr Salem Belfakih a tout essayé au cours d’une longue carrière qui en a fait le “père de la musique du Golfe”, selon des spécialistes.
Il a commencé sa carrière en 1956 dans l’ancien Yémen du sud, qui était un Etat indépendant avant 1990, et a su marier subtilement les sonorités du chant d’Aden, celui de Hadramout (sud-est) et, plus tard, les sonorités de Sanaa, la capitale.
Il a accompagné par des chants patriotiques, devenus des tubes très populaires, les dates marquantes de l’histoire du Yémen comme l’abolition de la monarchie dans le nord (1962), l’indépendance du sud en 1967 et l’unification des deux Yémen en 1990.
Il est également l’auteur de chants patriotiques d’Arabie saoudite, dont il a acquis la nationalité.
Ses tubes ont été repris par des générations de chanteurs des pays du Golfe, du Liban, de la Syrie et même du Maghreb.
Ses concerts, fréquents dans le Golfe dans les années 1990 et début 2000, attiraient des foules enthousiastes.
Le gouvernement du président yéménite Hadi a salué, dans un long texte publié par l’agence de presse qu’il contrôle, un “géant de la musique du Yémen, du Golfe et de la musique arabe en général”.
Les Houthis, pourtant en guerre contre le président Hadi, ont souligné, sur leur propre agence de presse, qu’Abou Bakr Salem Belfakih avait été durant sa carrière l’un des rares artistes arabes à avoir allié “le chant, la composition, l’arrangement musical et la poésie”.