Vingt mois après le meurtre du jeune franco-algérien Nahel Merzouk par un policier à Nanterre, et en pleine crise diplomatique entre Alger et Paris, le débat est relancé sur cette affaire qui a donné lieu à des émeutes qui ont ébranlé la France pendant l’été 2023.
Alors que la justice se dirige vers la mise en accusation du policier auteur du tir mortel, Florian M., la mère de la victime, a apporté dans les médias un témoignage poignant sur ce qu’est devenue sa vie depuis la mort de son fils.
« Mon rôle de mère maintenant est d’aller dire bonjour à mon fils tous les matins sur une tombe. Et voilà, ma vie est devenue comme ça, après, je rentre chez moi », a déclaré à l’émission C l’hebdo sur France 5 la mère éplorée, Mounia Merzouk.
Nahel a été tué au cours d’un contrôle routier le 27 juin 2023 à Nanterre. Suite à un refus d’obtempérer, un policier a dégainé son arme et a tiré à bout portant sur le jeune conducteur de 17 ans. Les images du drame ont choqué l’opinion publique et des émeutes ont éclaté dans plusieurs villes françaises.
La victime étant d’origine algérienne, l’Algérie avait exprimé son « choc » et sa « consternation » devant les circonstances de ce drame et a appelé les autorités françaises à assumer leur « devoir de protection » envers les Algériens de France.
Dès le début, le policier auteur du tir a bénéficié du soutien des syndicats de police et d’une partie de la chasse politique, la droite dure et l’extrême-droite.
Après vingt mois de procédure, le parquet de Nanterre a requis le 3 mars un procès contre le policier et un non-lieu pour son collègue présent au moment des faits.
La décision a fait réagir dans la police et chez certains politiciens. Le syndicat des officiers de police Alliance, proche de l’extrême-droite, a appelé à un rassemblement qui a réuni 2.500 policiers.
La mère de Nahel : « Jamais je ne pourrai faire mon deuil par rapport à mon fils »
Tandis que le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a déclaré avoir « accueilli la décision du parquet avec stupéfaction », le préfet des Hauts-de-Seine s’est déplacé au commissariat de Nanterre pour apporter un message de soutien aux policiers, leur assurant qu’il est à leurs côtés « sous l’autorité de Bruno Retailleau ».
Sur X, le ministre de l’Intérieur a apporté sans surprise son « soutien indéfectible aux policiers et gendarmes ».
Mounia Merzouk, la mère de la victime, tente tant bien que mal de rester en dehors du débat politique sur ce drame qui a changé sa vie, assurant au Parisien qu’elle ne souhaite pas « devenir la porte-parole des violences policières » en France.
Si un procès se tient, prévient-elle, ce sera celui « des deux policiers qui ont tué (son) fils ». C’est tout juste qu’elle émet le vœu que ce drame puisse faire « réfléchir sur comment fonctionne la police ».
Depuis l’annonce du parquet, le débat est relancé en France sur cette affaire et de nombreux médias, comme en 2023, insistent sur le refus d’obtempérer de Nahel.
« C’est systématique dans les dossiers de violences policières. On ne se contente pas de criminaliser la victime, on érige les auteurs en héros », a réagi l’avocate de la famille Merzouk, Yasmina Belmokhtar.
Pour sa part, Mme Merzouk a reconnu que le refus d’obtempérer de son fils, « ce n’est pas bien », mais elle tient à ce que la gravité de l’acte du policier ne soit pas occultée. « Un représentant de la loi est descendu de sa moto une arme à la main et a tué mon garçon », rappelle-t-elle.
La douleur de cette femme de 46 ans est toujours aussi vive qu’au premier jour. « Jamais je ne pourrai faire mon deuil par rapport à mon fils », dit-elle. « La vidéo que vous mettez, remettez, remettez. Moi, je la verrai jusqu’à la fin de ma vie », insiste-t-elle.
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