Une femme de 22 ans est décédée mercredi 26 juillet, quelques heures après avoir accouché d’un mort-né dans la voiture de sa famille. Depuis, la population locale crie au scandale. Sur les réseaux sociaux, l’affaire suscite l’indignation et beaucoup de commentaires de colère. Et les internautes ne se trompent pas. Cette affaire est le résultat d’une incroyable succession de négligences et de maladresses dans trois hôpitaux. Des médecins en congé qui n’ont pas été remplacés, des sages-femmes trop prudentes ou négligentes, d’étonnantes rivalités entre deux hôpitaux de la région…
Que s’est-il passé ? Selon des témoignages que nous avons recueillis de sources médicales locales, une jeune femme de 22 ans se présente au service de gynécologie de l’hôpital de Aïn Oussara, dans la wilaya de Djelfa. Sur place, la garde est vide. Aucun médecin n’assure la garde dans le service de gynécologie. Une gynécologue de l’hôpital, dont c’est le jour de garde, est en congé de maladie. Son collègue, un médecin cubain bien présent à l’hôpital où il vit. Mais il n’est pas de garde ce jour-là.
Un médecin ne peut pas assuré des gardes quotidiennes. Mais pourquoi la direction de l’hôpital n’a pas prévu de remplacement pour la gynécologue partie en maladie ? C’est la première question à laquelle les enquêteurs devront essayer de trouver une réponse.
Sur place, en l’absence d’un gynécologue, la sage-femme qui accueille la jeune maman enceinte ne veut prendre aucun risque. Elle lui suggère de partir à l’hôpital de Hassi Bahbah, situé à 45 km, pour « une meilleure prise en charge ».
Arrivée à Hassi Bahbah, la jeune maman va se retrouver confrontée à une situation d’un autre âge. Entre cet hôpital et celui de Aïn Oussara, les relations ne sont pas faciles. « C’est compliqué mais pour résumer, on peut dire : personne ne veut des malades de l’autre », explique un médecin local. La jeune maman est examinée par une sage-femme qui pose l’indication « Accouchement naturel par voie basse » avant de l’orienter vers l’hôpital de Djelfa, situé à 54 km.
Arrivée à Djelfa, la jeune maman est examinée par une sage-femme qui confirme l’indication « d’accouchement par voie naturelle » avant de lui demander de retourner accoucher à… Aïn Oussara.
De retour à Aïn Oussara, sur la route, la jeune maman accouche d’un mort-né dans la voiture avant de perdre connaissance. Arrivée à Aïn Oussara, la famille se révolte et force le médecin cubain à quitter son appartement à l’intérieur de l’hôpital pour venir en aide à la jeune maman. Le médecin effectue une « hystérectomie de sauvetage » pour arrêter l’hémorragie. Mais la jeune décède le lendemain.
Hier, jeudi, le wali de Djelfa a promis des sanctions exemplaires. La justice a ouvert une enquête pour déterminer les circonstances exactes de ce drame. Le ministre de la Santé observe quant à lui le silence.