Les autorités françaises n’hésitent pas parfois à recourir à la mesure extrême de fermeture des mosquées où sont tenus par des imams des propos considérés comme antirépublicains.
Cette façon de faire, qui pénalise une communauté entière, est dénoncée non seulement comme une punition collective, mais aussi comme une discrimination puisque, s’agissant des autres religions, seules les personnes fautives sont sanctionnées.
L’ancien député européen Karim Zeribi est monté au créneau pour dénoncer cette situation de deux poids, deux mesures « insupportable ».
Le dernier épisode en date concerne la mosquée des Bleuets à Marseille, menacée de fermeture suite à des propos controversés de son imam.
Celui-ci, un certain Smaïn Bendjilali, a été placé mardi 3 septembre en garde à vue et s’est vu remettre une convocation à comparaître devant la justice en octobre prochain pour « apologie du terrorisme ».
L’affaire défraie la chronique en France depuis deux semaines, lorsque le préfet de police des Bouches-du-Rhône a demandé la fermeture administrative provisoire de ce lieu de culte musulman.
Le député de La France Insoumise (LFI), Sébastien Delogu, était l’un des premiers à dénoncer une « punition collective ».
« Pour une personne qui a tenu des propos délictueux, on arrive à fermer un lieu de culte. On est en train de créer un problème au lieu de le régler », a-t-il mis en garde.
Le placement en garde à vue de l’imam incriminé a été l’occasion pour Karim Zeribi de rebondir sur cette affaire.
Pas pour défendre l’imam, mais pour souligner le « deux poids, deux mesures » des autorités dans le traitement de ce genre d’affaires.
Karim Zeribi dénonce la discrimination faite entre les églises et les mosquées en France
« Je peux comprendre les accusations portées contre un imam, si celles-ci sont évidemment prouvées, je ne comprends d’aucune manière pourquoi on ferme le lieu du culte en pénalisant toute une communauté musulmane », dit-il d’abord dans une vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux.
L’ancien député européen avance des faits avérés pour démontrer que les autorités n’agissent pas toujours de la même manière suivant la religion de la personne incriminée.
Il cite les nombreuses affaires de pédophilie qui ont ébranlé l’église catholique ces dernières années en France et qui n’ont jamais donné lieu à une fermeture d’églises.
« Quand il y a un problème dans une église avec un prêtre, il y en a eu malheureusement avec la pédophilie, jamais on a fermé l’église et c’est tout à fait normal car les fidèles catholiques ne doivent pas porter le chapeau d’un comportement scandaleux et lamentable d’un prêtre », rappelle l’homme politique franco-algérien.
Cette façon de faire la part des choses doit être aussi appliquée pour les mosquées et la communauté musulmane, estime-t-il.
« Il en est de même pour la communauté musulmane qui ne doit pas porter le chapeau pour les paroles antirépublicaines d’un imam », plaide Zeribi, se demandant « pourquoi ferme-t-on le lieu du culte quand c’est les musulmans, pourquoi le laisse-ton ouvert quand c’est les autres ».
« Je pose la question par souci de justice, par souci d’égalité pour lutter contre les discriminations, parce que je trouve ça insupportable en ma qualité de Français, défenseur des valeurs de la République », conclut-il.