La première réaction des soutiens de Bouteflika aux marches historiques de vendredi est tombée ce samedi à la mi-journée. Le coordinateur provisoire du FLN a tenu à Oran, où il a animé un meeting, des propos loin d’être apaisants, à la limite provocateurs.
Il a encore une fois comparé le président Bouteflika à un Prophète. « Dieu a envoyé Bouteflika en 1999 pour réformer la Nation algérienne et lui rendre la place qui est la sienne », a déclaré Mouad Bouchareb au lendemain des marches historiques qui ont dit non au cinquième mandat. Ce n’est pas la première fois que le président de l’APN tient de tels propos. En décembre dernier, il avait déjà comparé le président au prophète Ibrahim.
Le responsable du vieux parti a aussi brandi le spectre du chaos et des printemps arabes. « Vous savez bien que dans de nombreux pays, les gens sont sortis dans la rue par dizaines de milliers pour exprimer des revendications sociales et politiques et, lorsque d’autres parties se sont infiltrées, leur rêve s’est évaporé et leurs aspirations ne sont pas réalisées », a-t-il affirmé, soulignant que ceux qui veulent rééditer le scénario en Algérie échoueront.
« La mèche à laquelle ils tentent de mettre le feu ne brûlera pas car elle est irriguée du sang des Martyrs », a asséné Bouchareb. « Les militants du FLN sont prêts à mourir de faim pour leur pays et on dit d’eux qu’ils mangent du cachir », a-t-il ajouté, en référence aux railleries qui ont ciblé les présents au meeting du FLN le 9 février à la Coupole d’Alger où des sandwichs de cachir avaient été distribués.
Par ailleurs, Bouchareb n’a pas manqué de revenir sur les réalisations du président, estimant que sa candidature « est un choix sérieux au vu de ses réalisations depuis 1999 que personne ne peut nier ». Il a aussi évoqué les promesses de réformes, comparant la Conférence nationale annoncée pour après la présidentielle, à « la charte nationale de 1976 ». Une référence qui illustre à quel point le chef du FLN semble déconnecté des réalités actuelles. Face à une jeunesse qui revendique le changement, il brandit un texte datant de 1976 et réalisé sous Boumediene.
Les propos de Mouad Bouchareb n’ont rien d’apaisant. On ne sait s’il les a tenus de sa propre initiative ou s’il a été instruit de le faire. Quoi qu’il en soit, tenir un discours à la limite provocateur ne rend service à personne, pas même au président. Pendant ce temps, les autres partis de l’Alliance se murent dans le silence. On saura plus sur la stratégie du pouvoir quand ils s’exprimeront.