À trois mois de l’élection présidentielle, Mouloud Hamrouche sort de son long silence qu’il avait observé depuis le dernier scrutin de 2014. Dans une longue contribution publiée ce dimanche 13 janvier par El Watan, l’ancien Premier ministre, sans évoquer les prochaines échéances politiques ni les débats qui agitent actuellement la scène nationale, livre sa vision de l’Etat, de l’exercice du pouvoir et du rôle de l’armée. Dans sa contribution, l’ancien Premier ministre ne dit rien sur ses intentions politiques. Mais le texte ressemble à s’y méprendre à un programme électoral.
Le texte de Mouloud Hamrouche, qui contient de nombreuses références à l’histoire de l’Algérie et d’autres pays à travers le monde notamment les démocraties, semble s’adresser en priorité aux décideurs et aux hauts cadres de l’État qui pourraient être effrayés par la perspective d’un changement politique.
« (…) l’État et la gouvernance nationale sont deux notions et deux problématiques distinctes », écrit-il. « Pour l’État et les hommes d’État, il n’y a que des missions et des devoirs, point de pouvoir. Le pouvoir et son exercice relèvent d’un gouvernement soumis à contrôle (…) « L’État protège ses serviteurs et ses commis », ajoute l’ancien Premier ministre.
Mouloud Hamrouche livre ensuite sa vision de l’exercice du pouvoir politique. « Tout pouvoir de secte, d’ombre ou d’influence non identifiée qui échappe à tout contrôle est une menace traîtresse contre l’État et ses trois fondements », à savoir, selon l’ancien Premier ministre, « la liberté, l’indépendance et la souveraineté ». « Car, poursuit Mouloud Hamrouche, dans de tels cas de figure, même le recours à l’armée risque d’être inopérant ».
D’ailleurs, le candidat à la présidentielle de 1999 ne croit pas à une solution à travers une implication de l’armée. Une telle option a déjà montré ses limites, selon lui. « Des expériences et des études, y compris dans de vieux pays structurés socialement et démocratiquement, où l’armée avait servi de base un temps pour gouverner, ont démontré que cela nuit à sa mission et à sa finalité ».
Pire : elle risque d’avoir des conséquences sur la cohésion de l’armée. « (…) cela brouille ses rapports avec la société, menace ses articulations et son organisation, affaiblit sa cohésion et sa discipline. Bien plus, cela force ses composantes, particulièrement le corps des officiers, à adhérer à des idéologies et à devenir partie prenante des conflits internes ».
Pour Mouloud Hamrouche, « face à ce qui s’apparente à des débuts d’échec dans l’édification de l’État dans la mise en place des conditions de l’exercice de la gouvernance, le déficit en élites politiques et en de vraies forces d’adhésion, notre pays a besoin plus que jamais de discernement pour faire face aux diverses menaces, peurs et résignations ».