Il est parti comme il est venu dans l’arène politique : subrepticement. Le président du Conseil constitutionnel Mourad Medelci a passé l’arme à gauche après avoir connu une longue et riche carrière.
Discret et pas du tout disert, peu d’Algériens, sauf son entourage peut-être, étaient au fait de sa maladie avant que ne tombe la nouvelle de son décès, tôt dans la matinée de ce lundi 28 janvier.
Responsable au long cours, Mourad Medelci a été de tout temps un “politique” sans aspérités, quelque peu effacé même. Avec ses airs de professeur, il dégageait l’image d’un homme conciliant, un brin pépère et pas du tout porté sur la polémique, encore moins la “bagarre”, politique s’entend.
Ce qui ne l’a pas empêché de se retrouver au-devant de la scène notamment avec la fameuse affaire Khalifa dans laquelle il a été convoqué par la justice comme témoin. Il avait alors eu une réplique qui avait laissé pantois plus d’un.
« Je n’ai pas été assez intelligent pour réagir à temps », avait-il avoué en 2007 au juge qui lui avait demandé : « Pourquoi vous n’avez pas adressé une correspondance à la Banque d’Algérie pour lui signifier que le rapport n’était pas signé par des agents assermentés et que la réglementation sur le leasing (pour l’acquisition d’avions dans le cas de Khalifa) n’exigeait pas d’autorisation de la part de la BA ? ». Cette fameuse phrase poursuivra Mourad Medelci le restant de ses jours et lui survivra certainement.
Mais voilà, l’ancien ministre est beaucoup plus un technocrate qu’un homme politique. Licencié en économie à l’université d’Alger, ce natif de Tlemcen en 1943 a fait l’essentiel de sa carrière dans le secteur économique, comme directeur financier et directeur général d’entreprises publiques avant de diriger plusieurs ministères.
Il a entamé sa carrière en 1965, l’année du coup d’Etat de Houari Boumediene contre Ahmed Benbella, au sein de la Sonelgaz comme attaché à la direction financière avant d’être propulsé, un an plus tard, comme directeur financier de l’Organisme de coopération industrielle (OCI) franco-algérien, puis directeur financier de la Société nationale d’études et de réalisation (SNERI) en 1968.
En 1971, il sera nommé comme PDG de la Société mixte d’études et de réalisations industrielles (SOMERI), puis directeur général de la SNTA en 1977 avant de revenir en 1979 à la SNERI comme directeur général.
En 1981, il fera son entrée au ministère du Commerce en qualité de secrétaire général. Un poste qu’il quittera en juin 1988 pour présider le Fonds de participation (holding d’Etat) industries diverses avant d’être nommé cinq mois plus tard comme ministre du Commerce dans le gouvernement de Kasdi Merbah et comme ministre délégué au Budget dans celui de Sid-Ahmed Ghozali en 1991.
Après une “traversée du désert” de huit ans, il reviendra aux affaires comme ministre du Commerce en 1999 dans le cabinet d’Ahmed Benbitour jusqu’à 2001 avant de rejoindre la présidence de la République comme conseiller qu’il quittera en 2005 pour occuper, pendant deux années, le poste de ministre des Finances. Son étoile brillera davantage en 2007 en se voyant confier les rênes de la diplomatie algérienne pendant six ans avant d’atterrir en 2013 à la tête du Conseil constitutionnel en remplacement de Tayeb Belaïz. Un poste qu’il occupera jusqu’à son décès ce lundi 28 janvier des suites d’une longue maladie.