L’annonce, samedi 9 mars, de la décision d’avancer la date du début des vacances de printemps dans les universités a eu l’effet contraire à celui qu’escomptait le ministre de l’Enseignement supérieur.
Au lieu de vider les universités de leurs étudiants et de contrer l’implication de ces derniers dans le mouvement populaire, la décision a provoqué de vives réactions au sein de la communauté universitaire : chez les étudiants, les enseignants et même certains recteurs d’universités.
Hier déjà, Ahmed Tissa, Recteur de l’Université Moloud Mammeri de Tizi-Ouzou a franchement exprimé son rejet de la décision de son ministre de tutelle de changer les dates des vacances de printemps. « M. le ministre, je le respecte énormément, il est professeur mais je suis aussi professeur. Il est ministre donc c’est mon chef hiérarchique mais à Tizi-Ouzou nous avons beaucoup de retard et ce qui prime c’est la pédagogie […] les vacances seront du 21 mars jusqu’au 4 avril », a-t-il déclaré dans une intervention téléphonique pour la chaîne Berbère Télévision.
Les réactions des enseignants n’ont pas également tardé à se faire entendre. Avant l’annonce du ministère de tutelle de chambouler le calendrier des vacances de printemps et d’été, des enseignants de plusieurs universités avaient affiché leur opposition au cinquième mandat et ont manifesté avec leurs étudiants. Ça a été notamment le cas à l’Université de Béjaïa et à celle de Bouira.
À l’USTHB de Bab Ezzouar, à Alger, le plus grand campus du pays, les enseignants haussent le ton non seulement contre le cinquième mandat mais également contre leur tutelle. Depuis quelques jours, les professeurs de cette université ont organisé plusieurs actions dont des réunions et des marches au sein du campus.
Ce dimanche, une assemblée générale a réuni les étudiants et les enseignants de l’USTHB dans l’auditorium totalement plein de monde. Des débats animés ont eu lieu et les enseignants et étudiants ont donné leurs points de vue et se sont concertés sur la suite à donner à leurs actions.
Selon des étudiants de l’université, il a été décidé de poursuivre la grève tout en gardant le campus ouvert car « il sert de point de ralliement » pour les étudiants protestataires. Il a aussi été décidé d’appeler à une manifestation des étudiants à Alger, pour ce mardi 12 mars. La réaction de l’USTHB est une action concertée entre étudiants et enseignants. Le rôle de ces derniers est important. Des enseignants ont pris la parole ce dimanche matin et ont adressé des discours à leurs étudiants rassemblés dans une des cours de la faculté.
Des assemblées générales sont organisées dans plusieurs universités d’Algérie, notamment à Tizi-Ouzou, Béjaia, Annaba et Bouira. Dans cette dernière université, des actions ont été entreprises par des étudiants indépendants des organisations estudiantines depuis plus de deux semaines mais l’annonce du changement des dattes du début des vacances a accéléré leur organisation et a décuplé leur mobilisation. Des comités d’étudiants locaux et autonomes ont été constitués « pour gérer cette phase », a expliqué à TSA un étudiant membre de cette organisation qu’il a qualifiée de « temporaire ».
Les assemblées générales organisées par les étudiants de Bouira ont abouti à la décision d’organiser une marche pacifique à Bouira ce dimanche et d’appeler à une marche nationale sur Alger pour le 19 mars.
La concertation entre les universités algériennes « commencent à peine », malgré les « difficultés qu’il y a à prendre contact », a expliqué l’étudiant mais une initiative estudiantine nationale se dessine déjà. Des prises de contact et des discussions ont lieu depuis quelques jours, notamment entre les universités d’Alger, de Bouira, de Tizi-Ouzou, de Béjaia, de Boumerdes et d’Oran.