Guerre de déclarations entre le MSP et Al Adala à propos des « consultations secrètes » menées avant le début du mouvement de contestation populaire le 22 février 2019 et des récentes déclarations d’Abderrazak Makri sur « les contacts » avec Saïd Bouteflika, frère et conseiller de l’ex-président de la République.
Lundi 13 mai, le président du MSP est revenu, lors du Forum d’El Moudjahid, sur « l’initiative de consensus national » que son parti avait proposée avant la convocation du corps électoral par Bouteflika pour la présidentielle du 18 avril 2019.
« Cette initiative était publique, devait être discutée entre le pouvoir et l’opposition. Nous nous sommes donc adressés au pouvoir, représenté par la Présidence de la République. La présidence a chargé Saïd Bouteflika en sa qualité de conseiller du président. Personne ne peut dire que cette fonction n’est pas politique ou n’est pas une fonction de souveraineté. Nous nous sommes adressés à Abdelaziz Bouteflika et nous avons déposé l’initiative avec un bordereau d’envoi avec cachet et date. Nous avons déposé l’initiative à la présidence et celle-ci a répondu. Une fois ils ont chargé Tayeb Louh, une fois Messahel et une autre fois le conseiller du président. Nous traitons avec une institution et publiquement. Notre rencontre a eu lieu au sein de la présidence de la République », a révélé Makri.
Le président du MSP, qui dit avoir exigé que l’institution militaire soit informée de l’initiative, a précisé avoir partagé sa démarche avec une partie de l’opposition. « Quand on a vu qu’il y avait une certaine acceptation, nous sommes allés voir l’opposition, dont Ali Benflis, Karim Tabou, Abdallah Djaballah, Tahar Benbaibèche, Mohcine Belabbas. Je les ai vus aux sièges de leurs partis et je les ai informés de la teneur des discussions que nous avions eues avec la présidence. Nous avions dit qu’il y avait une opportunité pour une transition démocratique et pour avoir une vision politique et économique, et que nous pouvions nous mettre d’accord sur un chef de gouvernement consensuel », a-t-il indiqué.
« Nous ne sommes pas vos adversaires parce que nous sommes plus grands »
Mais cette version a été quelque peu contestée par Al Adala, le parti d’Abdallah Djaballah. Ce qui a amené le député MSP Nacer Hamdadouche à affirmer qu’Al Adala a également eu des « contacts » avec Saïd Bouteflika, le général Mohamed Mediene et « un représentant » du gouvernement Bedoui. Propos vite démentis par Lakhdar Benkhellaf, membre dirigeant d’El Adala. Ce dernier a également affirmé que Makri n’a pas proposé son projet politique à l’opposition avant de le soumettre à Saïd Bouteflika, « celui qui a usurpé la fonction présidentielle ».
« Makri a demandé à nous rencontrer. Il est venu nous expliquer son initiative relative au report à l’élection présidentielle, à la prolongation du quatrième mandat avec des propositions de réformes que le président allait initier. Il nous a dit que la présidence était d’accord. Nous avions insisté pour savoir qu’est-ce il désignait comme « Présidence ». Il a nous répondu qu’il s’agissait de Saïd Bouteflika avec qui il a eu plusieurs rencontres, autant qu’avec d’autres », a détaillé Lakhdar Benkhellaf.
Selon Benkhellaf, Al Adala avait refusé cette initiative pour plusieurs considérations légales et politiques dont l’inconstitutionnalité du report de l’élection présidentielle. « Et puis, le report signifie un cinquième mandat sans la volonté du peuple (…) Nous avons attiré l’attention de Makri sur le fait que ces gens-là n’ont jamais tenu leurs promesses et leurs engagements et que ce qu’ils promettaient comme réformes était fictif. Nous avions dit que celui qui voulait introduire des réformes avait 20 ans pour le faire, il ne l’a pas fait ! », a ajouté Lakhdar Benkhelaf.
Boubdallah Benadjmia, directeur de la communication du MSP, a réagi à ces propos, sur son compte Facebook, reprochant à Lakhadar Benkhellaf de mentir, « ce qui est inconcevable durant le mois sacré du Ramadhan ».
« Nous ne voulons pas dévoiler ce qui s’est passé dans les rencontres internes par devoir de réserve auquel vous ne croyez pas. Nous ne sommes pas vos adversaires parce que nous sommes plus grands et ne nous sommes pas dans le même couloir car les préoccupations du pays sont plus importantes », a-t-il écrit, comme un avertissement à Al Adala.