Évité depuis février dernier sans doute pour laisser le mouvement populaire s’exprimer pleinement, le recours à la grève est de nouveau adopté par certains syndicats pour faire aboutir des revendications socio-professionnelles même si en toile de fond l’aspect politique n’y est pas absent.
Quelques jours après la grève de deux jours des enseignants du primaire, le Syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE) a lancé un appel à une grève générale pour ce lundi 28 octobre dans toutes les écoles du pays.
Outre la modification du statut particulier et le réexamen des heures de travail, le SNTE demande l’application immédiate du décret présidentiel 266/14 avec effet rétroactif depuis 2014, le recrutement de superviseurs afin d’« assurer l’encadrement des élèves dans la cour et les cantines » et la réhabilitation du système de spécialisation dans l’enseignement primaire, notamment pour l’éducation sportive, les mathématiques et la peinture.
Une autre grève est aussi prévue dans le même secteur mercredi prochain à l’appel de l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (Unpef). Ce syndicat, qui fait sienne les requêtes du SNTE, réclame également le droit à la retraite anticipée et sans condition d’âge, la régularisation de la situation des enseignants formés après le 3 juin 2012 et la révision des programmes pédagogiques.
Autres revendications de l’Unpef : révision des dates des vacances scolaires d’été dans le Sud, ouverture en nombre suffisant de postes pour la promotion au grade d’enseignant principal et enseignant formateur et la réouverture, entre autres, du dossier de la médecine du travail.
Une autre grève plus importante est attendue pour demain à l’appel de la Confédération des syndicats algériens (CSA), qui regroupe 13 syndicats autonomes*. Même si elle est articulée autour des revendications socioprofessionnelles dont le dossier des libertés syndicales, le Code du travail, le dossier des retraites, les dossiers de la santé du travail et la protection sociale, l’action du CSA est également politique.
Dans son appel, la Confédération syndicale déclare rejeter les « politiques du gouvernement illégitime » de Noureddine Bedoui et dénonce « l’exploitation de la situation politique instable pour faire passer des décisions et des lois qui compromettent l’avenir des générations futures et touchent directement à la souveraineté nationale ».
La CSA appelle également à la « libération immédiate des détenus d’opinion et les activistes du Hirak » et condamne les « restrictions systématiques sur les espaces publics, les libertés d’expression, de déplacement et de manifestation du citoyen, ainsi que le musellement des médias publics et privés ».
La CSA invite, enfin, l’ensemble des travailleurs « à se mobiliser en vue de faire réussir cette grève » avec comme enjeu « l’édification d’un État de droit, un État doté d’institutions légitimes et fortes ». Un État « respectueux des libertés et droits consacrés par la Constitution et les traités internationaux que l’Algérie a ratifiés ».
Ces actions interviendront alors qu’une grève illimitée inédite a été déclenchée ce dimanche par le syndicat national des magistrats.
Opposés au dernier mouvement opéré dans la magistrature, les magistrats réclament également un cadre juridique pour conférer l’indépendance à la justice et mettent en avant d’autres revendications socioprofessionnelles.
Engagés dans le mouvement populaire depuis le début, les avocats, de leur côté, ont observé plusieurs jours de grève, dont le dernier en date a été jeudi dernier, ponctué par une grande marche à Alger. Leurs principales revendications : la levée des entraves à l’exercice de leur travail et l’indépendance du pouvoir judiciaire.