Plusieurs associations de la société civile ont annoncé ce samedi 6 mars leur constitution en collectif dénommé « Nida El Watan », qui signifie littéralement l’Appel de la partie.
De nombreux observateurs se demandent d’ores et déjà s’il ne s’agit pas de l’embryon d’un nouveau collectif politique créé en prévision des élections législatives annoncées pour les prochains mois.
L’interrogation est d’autant plus légitime que la réunion constitutive s’est tenue à Alger sous l’égide de Nazih Berremdane, conseiller du président de la République chargé du mouvement associatif.
Surtout qu’il ne s’agit d’aucune des instances prévues et destinées à encadrer le mouvement associatif et la jeunesse, soit l’Observatoire national de la société civile et le Haut conseil de la jeunesse.
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait dès son élection en décembre 2019 promis de donner une meilleure place à la jeunesse et à la société civile sur l’échiquier politique, s’engageant à élaborer une loi électorale qui permettrait aux jeunes d’investir les assemblées élues.
Le Président a même évoqué la possibilité de financer sur les fonds de l’État la campagne électorale des jeunes qui viennent à la politique, dans le souci de mettre fin à la prédominance de « l’argent sale » lors des consultations précédentes.
Si le projet peut sembler louable à première vue, des voix ne se sont pas empêchées d’émettre des soupçons quant aux véritables intentions du pouvoir. Beaucoup y voient en effet une manière de disposer d’une nouvelle structure politique qui viendrait remplacer les partis traditionnels du pouvoir, définitivement discrédités par leur attitude durant les quatre mandats du président déchu Abdelaziz Bouteflika.
Le cas du RND
Des conjectures qui se trouvent renforcées suite à l’annonce de la naissance de ce collectif à quelques mois des législatives et des municipales. Cette manière de faire n’est pas sans rappeler la création du RND en 1997. Le parti, créé en février, remportera la majorité des sièges aux législatives organisées quatre mois plus tard, ce qui lui avait valu d’être qualifié de “parti né avec des moustaches”.
À l’époque, l’objectif était de remplacer le FLN dont la direction s’était opposée aux choix du nouveau pouvoir issu des événements de 1992. L’histoire est un éternel recommencement, dit-on.