Des heurts qui ont fait des blessés ont opposé mercredi matin les forces de l’ordre à des étudiants de l’université de Niamey exigeant notamment la réhabilitation de cinq d’entre eux exclus en mars, ont affirmé à l’AFP des étudiants et un témoin.
“Les affrontements entre les deux camps (étudiants et forces de l’ordre) sont violents autour et à l’intérieur du campus universitaire”, a rapporté à l’AFP un habitant de Lamordé, un quartier proche de l’université.
“Nous avons barricadé la voie qui passe devant le campus (et qui mène à la rive droite du fleuve Niger) puis les forces de l’ordre ont fait irruption sur le campus et il y a beaucoup de blessés parmi nos camarades”, a déclaré à l’AFP Salha Kaïla, un dirigeant du syndicat de l’Union des étudiants nigériens à l’université de Niamey (Uenun).
“Certains blessés sont entre la vie et la mort” et ont été évacués au Centre hospitalier universitaire (CHU) à Lamordé, a-t-il expliqué au téléphone. “Pour l’instant (…) il y a un calme précaire”.
“On a dénombré une quinzaine de blessés dont la plupart sont sévèrement atteints au ventre ou à la tête par des douilles ou éclats de grenades lacrymogènes”, a précisé à l’AFP le cameraman d’une télévision privée.
“L’accès au CHU nous a été interdit pour filmer les blessés”, a-t-il dit.
L’AFP n’a pas pu joindre les responsables du CHU pour vérifier ces informations.
Le secrétaire général de l’Uenun, Sita Diabiri, avait affirmé mardi à l’AFP que les cours avaient repris depuis quelques jours à l’université à la faveur d’une “trêve” décrétée par les étudiants pour “donner une chance aux négociations avec le gouvernement”.
M. Diabiri a indiqué que leur “principale revendication” était “la réhabilitation de cinq étudiants exclus” en mars de l’université, dont lui-même. Mais que celle-ci n’était pas “encore satisfaite” après une série de grèves.
Les étudiants demandent également “l’abrogation” d’une décision du rectorat autorisant les forces de l’ordre à assurer la sécurité sur le campus, en lieu et place de l’Uenun.
L’université de Niamey avait été paralysée par une grève d’un mois des enseignants qui protestaient contre “l’agression” d’un des leurs par des étudiants.
Les enseignants avaient mis fin à leur mouvement le 17 mars, après avoir obtenu l’exclusion de cinq étudiants et le recours aux forces de l’ordre pour sécuriser le campus.
Les étudiants avaient évoqué une “altercation mineure” et non une agression. Jugeant ces exclusions “injustes, disproportionnées, illégales et arbitraires”, ils avaient entamé un mouvement de grève.
Le président Mahamadou Issoufou a promis début mars dans un entretien à la télévision publique que “le gouvernement veillera à ce que le calme revienne à l’université en rapport avec tous les acteurs”.