Le ministre des Affaires étrangères du Niger, Ibrahim Yacouba, a annoncé mercredi à l’AFP avoir été limogé par le président Mahamadou Issoufou.
“Le Premier ministre (Brigi Rafini) est venu me dire que le président ne souhaitait plus que je sois au gouvernement. J’ai immédiatement rédigé une lettre de démission dans laquelle j’ai aussi annoncé le retrait de mon parti de la majorité présidentielle”, a affirmé M. Yacouba, joint par téléphone depuis Abidjan.
A Niamey, une source proche du pouvoir a confirmé cette démission, précisant: “Le président (Issoufou) a demandé au Premier ministre de le (faire) démissionner. Depuis quelques temps, il faisait preuve de déloyauté et complotait même contre le gouvernement avec l’opposition, tout en restant au gouvernement”.
M. Yacouba a été remplacé par Kalla Hankouraou, un membre du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), la formation du président Issoufou.
“Tout le monde sait pourquoi!”, a commenté M. Yacouba. “C’est lié à notre position sur le code électoral (en vue de la présidentielle 2021). Ce code verrouille le système et créé des conditions dangereuses pour la stabilité de notre pays. Il porte en lui les germes de la contestation. Il n’y aura pas de confiance dans ces élections”, a-t-il ajouté.
Au début du mois, le parti de M. Yacouba avait critiqué ce nouveau code électoral et notamment la composition la Commission électorale nationale indépendante (Céni).
Candidat contre M. Issoufou à la présidentielle de 2016 (5e avec 4,43% des voix au 1er tour), Ibrahim Yacouba avait appelé à voter pour le président sortant au 2e tour.
Ce ralliement lui avait valu le poste prestigieux de ministre des Affaires étrangères.
Ce n’est pas la première fois que M. Yacouba se brouille avec le président. Ex-adjoint du directeur de cabinet du président, M. Yacouba, jugé “trop ambitieux”, avait été exclu du PNDS en 2015, accusé de fomenter un “projet” visant à “faire main basse sur les structures du parti”.
Il avait alors crée son propre parti, le Mouvement patriotique nigérien (MPN) qui dispose de 5 députés au Parlement.