Mahinur Özdemir était, jusqu’à il y a quelques jours, l’ambassadrice de Turquie en Algérie.
Après l’élection présidentielle turque et la réélection de Tayyip Recep Erdoğan dimanche 28 mai, celui-ci l’a nommée ministre de la famille. Elle est l’unique femme du nouveau gouvernement turc.
Avant de devenir l’ambassadrice de la République de Turquie à Alger, le 1er janvier 2020, elle avait fait l’essentiel de son parcours politique en Belgique, où elle est née il y a 40 ans dans une famille qui a émigré de Turquie dans les années 1960.
Un parcours pour le moins mouvementé à cause principalement de ses liens avec les politiques de son pays d’origine et surtout son obstination à porter le voile islamique même lorsqu’elle a été élue députée.
En Belgique, les titres de la presse locale soulignent qu’elle a été la première femme députée à porter le hidjab sous le toit d’un Parlement européen.
Le site « 7 sur 7 » rappelle l’engouement qu’a suscité sa prestation de serment, en juin 2009. Ce jour-là, journalistes et photographes avaient accouru de toute l’Europe assister à l’entrée, dans un parlement du vieux continent, de la première femme musulmane voilée. Elle était aussi, à 27 ans, la plus jeune élue du parlement belge.
Ex-ambassadrice de Turquie à Alger et première femme députée voilée en Europe
Mahinur Özdemir est le symbole de la jeunesse de la diaspora turque en Europe avec laquelle les dirigeants d’Ankara ont tissé des liens étroits, notamment sous l’ère du président Erdoğan.
Elle est née en 1982 à Schaerbeek dans une famille de commerçants d’origine turque. Son père tenait une épicerie dans cette commune de Bruxelles.
Licenciée en Sciences politiques, elle a entamé sa carrière politique en 2005, à 24 ans, dans cette même épicerie. Caissière, elle distribuait aux clients des tracts appelant à voter pour elle aux municipales.
Élue conseillère communale à la mairie de Schaerbeek, elle continue cependant à afficher son attachement à l’Islam et à son pays d’origine, dont elle détenait toujours la nationalité.
Signe de ses liens privilégiés avec la classe politique turque et de l’importance qu’elle a acquise aux yeux des dirigeants d’Ankara, Tayipp Recep Erdoğan, alors Premier ministre, a assisté en personne à son mariage en 2009 avec un avocat turc.
Mais c’est seulement lorsqu’elle entre au Parlement belge que son cas commence à faire grincer des dents.
À cause de son voile, mais aussi pour ses positions de plus en plus affirmées en faveur de la Turquie. En 2014, alors que toute l’Europe débattait du génocide arménien, elle prend la défense du point de vue des autorités turques et refuse de reconnaître le génocide.
En 2015, elle est exclue de son parti, le CDH. Sa carrière politique en Belgique commence à prendre fin, mais une autre commence pour elle, en Turquie. Elle sera plus radieuse. Après la fin de son deuxième mandat de député, en 2019, elle a annoncé son retrait de la vie politique belge.
Erdoğan la récupère alors et lui donne plus qu’un strapontin. En 2020, elle est nommée ambassadrice à Alger, dans une conjoncture marquée par le raffermissement des relations entre la Turquie et l’Algérie sous l’impulsion des présidents Erdoğan et Abdelmadjid Tebboune.