Les accidents de la route mortels et spectaculaires se multiplient en Algérie. Les morts se comptent parfois par dizaines et des familles entières sont décimées dans des accidents.
« Nous constatons une augmentation des accidents de la circulation au niveau national. Nous assistons à des accidents spectaculaires et qui font froid dans le dos », a admis Rachid Ghezli, Commissaire divisionnaire, sous-directeur de la prévention et de la sécurité routière à la DGSN, ce mardi sur la Radio algérienne (Chaine III).
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Selon ce responsable, le bilan de la Sûreté nationale fait état de 13 800 accidents ayant causé 1992 morts et plus de 18 600 blessés, durant les 7 premiers mois de 2022.
« Le nombre de morts doit interpeller chacun de nous. Il est temps de se ressaisir, de sensibiliser et de réprimer ceux qui contreviennent à la réglementation et au Code de la route. Ces chiffres nous interpellent, nous ne les communiquons pas avec froideur mais avec désolation. Il est temps de se mobiliser », exhorte le représentant de la DGSN.
Certains comportements des conducteurs sont aussi pointés dans la survenue de ces drames routiers. « On conduit très mal, souvent sous l’effet de la fatigue. Les gens dépassent leurs capacités mentales et physiques, leurs fonctions cognitives en matière de conduite. Ils font de longs trajets et se fixent un horaire pour arriver. Or, il faut se donner le temps de se reposer, conduire avec toute l’attention qu’il faut », souligne-t-il. Les accidents lors des cortèges nuptiaux interpellent les services de sécurité.
La plupart des décès sont des jeunes entre 15 et 30 ans
Les deux roues ne sont pas en reste. Selon Rachid Ghezli, des motocyclistes sont impliqués dans plus de 27 % des accidents de la route en zones urbaines. Les statistiques de la DGSN font ressortir que la plupart des décès dans les accidents de la route en Algérie sont des jeunes entre 15 et 30 ans.
« On est en train de perdre notre jeunesse », se désole-t-il. Dans les zones urbaines, la Sûreté nationale fait état d’une diminution des accidents mais avec des décès qui ont augmenté de 7 %.
« Quelle que soit la baisse des accidents, des blessés, tant que le nombre de morts est en hausse on dit toujours qu’on a échoué sur le plan de la prise en charge de la sécurité routière. C’est un échec qui a été constaté par rapport à la politique nationale de la sécurité routière (laquelle) doit être revue. Cela nécessite la mobilisation de tous les départements concernés. Ce que l’on constate c’est que la sécurité routière est prise en charge par les seuls services de sécurité (police et gendarmerie) », relève Rachid Ghezli qui tire un bilan positif de la police en matière de lutte contre l’insécurité routière.
« Les bilans émis par la Sûreté nationale sont positifs en matière de lutte contre les accidents de la circulation. Parfois, nous sommes seuls sur le terrain », dit-il tout en mettant en avant le bilan des interventions de la Sûreté nationale. Selon le responsable, le nombre de patrouilles pédestres a augmenté de 5,29 %, celui des patrouilles motorisées a augmenté de 6,89 %, le nombre d’opérations radars est en augmentation de 27,54 %.
« Il faut l’implication des autres départements »
Pour les infractions au Code de la route, il a été enregistré une augmentation pour les mises en fourrière (+40 %) et les amendes forfaitaires (15 %). « Aux plans préventif, répressif et dissuasif, les services de sécurité ont des bilans très positifs. Mais il faut l’implication des autres départements pour régler ce problème de la sécurité routière parce que maintenant c’est le seul apanage des services de sécurité », insiste le commissaire divisionnaire.
Selon lui, il y a lieu de revoir « beaucoup de choses », notamment sur le plan de la réglementation. « Il y a la promulgation de la loi 01/14 par le ministère de la Justice, nous la saluons, il y a de grands efforts qui sont fournis. Maintenant, la politique de la sécurité routière doit toucher tous les départements concernés », a-t-il affirmé.
Le représentant de la sûreté nationale précise que l’échec qu’il a évoqué n’est pas lié à l’arsenal juridique, mais aux textes d’applications. « On constate l’application de certains textes de loi mais il n’y a pas de textes d’application » alors que « chaque texte de loi doit être suivi des textes d’application ». « Ce sont les textes d’applications qui vont nous permettre, nous en tant que services de sécurité, d’agir et d’appliquer la loi dans toute sa rigueur ».
Lors de la réunion du Conseil des ministres du dimanche 11 septembre, le président Abdelmadjid Tebboune a donné des instructions pour l’établissement d’une nouvelle loi répressive.
Le chef de l’État a notamment demandé au gouvernement de criminaliser le non-respect du Code de la route. Il a demandé d’ « imposer les peines maximales s’il est prouvé que le Code de la route n’est pas respecté, ce qui le qualifierait de crime ».
M. Ghezli a annoncé l’entrée prochaine du nouveau Code de la route. « Il est temps d’appliquer des mesures coercitives pour lutter contre ce fléau qui tue notre jeunesse », a-t-il plaidé.