Le délai de dépôt des candidatures au niveau du Conseil constitutionnel pour l’élection présidentielle du 4 juillet a expiré hier à minuit sans qu’aucun dossier ne soit déposé. L’élection est reportée de fait faute de candidats. C’est le second report après celui de l’élection 18 avril. Que va-t-il se passer à présent ?
Louisa Ait Hamadouche, enseignante à la faculté des sciences politiques Alger III : le processus qui consistait à aller vers une élection le 4 juillet avait, dès le début, montré toutes ses faiblesses. Non seulement la population était contre, mais aussi les conditions politiques et juridiques d’une élection transparente n’étaient pas réunies. Aujourd’hui, nous sommes devant le fait accompli, c’est-à-dire une élection devenue impossible faute de candidats !
Il faut déjà se poser la question : pourquoi il n’y a pas de candidats à cette élection? L’on se rend compte finalement que ce ne sont pas seulement les forces politiques qui appellent à la nécessité d’une transition démocratique qui remettaient en cause cette élection, mais celle-ci devenait une « impossibilité systémique » puisque les candidats qui étaient prêts à aller à l’aventure de l’élection n’ont pas pu aller jusqu’au bout de la procédure et rassembler les signatures nécessaires.
Cela signifie que l’élection du 4 juillet était encore moins acceptée que celle du 18 avril. C’est dire à quel point les autorités politiques se sont accrochées à une issue qui n’était absolument pas réaliste.
Quel sens donnez-vous à l’absence de candidats à cette élection ?
L’inexistence de candidats constitue un échec pour tous ceux qui prônaient une élection rapide. Un échec en soi n’est pas irréversible si tant est que la leçon soit apprise. Depuis le 22 février, il y a eu une succession d’échecs. Les autorités politiques n’ont pas réussi à imposer les élections du 18 avril. Elles n’ont pas réussi à imposer le prolongement du 4e mandat et ont échoué à imposer une conférence nationale voulue par l’ancien président. Elles n’ont pas réussi à mener à bien la conférence nationale que voulait le chef de l’Etat. Enfin, les autorités politiques n’ont pas réussi à aller au bout de l’élection du 4 juillet. Nous sommes déjà face à cinq échecs depuis le 22 février. Cette succession de non-réussites doit laisser penser que le pouvoir politique va choisir l’option la plus réaliste pour sortir de cette situation, c’est-à-dire le dialogue.
Que signifie, pour vous, ce 2e report d’une élection après celui du 18 avril ?
C’est la deuxième preuve que les solutions constitutionnelles ne sont pas opératoires. Et c’est la seconde fois que l’on sort de la Constitution. Le premier report était anticonstitutionnel et ce deuxième report conforte le premier en montrant que la solution constitutionnelle n’est pas opératoire. Ça nous fait deux fois, au moins, que la Constitution montre ses limites. Encore une fois, c’est la solution politique qui s’impose.
Pour autant, est-on à l’abri d’un autre report ?
Si on se contente de reporter le scrutin dans un court terme, septembre ou octobre par exemple, on sera devant le même scénario. Les mêmes conditions conduisant aux mêmes effets, et si des mesures importantes ne sont pas prises, on vivra un scénario identique. Le report à court terme de l’élection présidentielle n’est pas une solution politique.