La France a un nouveau gouvernement. Le premier ministre François Bayrou a dévoilé ce lundi son équipe composée de 34 membres dont Bruno Retailleau qui garde le portefeuille de l’Intérieur.
Parmi les poids lourds du gouvernement Bayrou figure aussi l’ancien ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qui hérite du portefeuille de la Justice.
Parmi les surprises figure Manuel Valls. Contre toute attente, l’ancien premier ministre socialiste a été nommé ministre chargé du dossier d’outre-mer, avec comme mission la reconstruction de Mayotte qui vient d’être ravagée par le cyclone Chido et le règlement de la crise en Nouvelle-Calédonie qui a été secouée par des émeutes l’été dernier.
La gauche, qui est arrivée en tête des législatives de l’été dernier, sans avoir la majorité au Parlement, n’a pas participé au gouvernement de François Bayrou. Ce dernier a succédé à Michel Barnier qui a été obligé à la démission après avoir été censuré par le Parlement le 4 décembre dernier.
Le maintien de Bruno Retailleau à l’intérieur est un gage pour la droite et l’extrême-droite, mais aussi un signal clair sur la poursuite d’une politique dure du gouvernement contre l’immigration.
Depuis sa nomination en septembre dernier, cet ancien sénateur LR (Les Républicains, droite) a multiplié les déclarations et les mesures en faveur de la réduction de l’immigration légale et illégale en France.
Le second dossier sur lequel Bruno Retailleau s’est exprimé à plusieurs reprises est lié aux relations entre la France et l’Algérie qui traversent une crise inédite. C’est le sans doute le ministre français qui a parlé plus de l’Algérie ces derniers mois.
Bruno Retailleau maintenu à l’Intérieur : un mauvais signe pour la relation Alger-Paris ?
Dès le départ, ce partisan de l’abrogation de l’accord de 1968, a affiché la couleur en prônant une ligne dure à l’égard d’Alger sur la question migratoire, et récemment dans l’affaire Boualem Sansal. L’écrivain franco-algérien a été arrêté le 16 novembre dernier à Alger.
Placé sous mandat de dépôt, il est poursuivi pour atteinte à la sûreté de l’Etat, en raison de ses déclarations à un média d’extrême droite où il a dit qu’une partie de l’ouest algérien appartenait historiquement au Maroc. Son maintien dans le gouvernement Bayrou
Interrogé mercredi 18 décembre sur la détention de Sansal en Algérie, Bruno Retailleau a déclaré : « J’espère que la relation entre l’Algérie et la France puisse permettre de stabiliser les choses, mais je souhaite que Boualem Sansal puisse nous revenir très rapidement. Si tel n’était pas le cas, je pense que la France serait en mesure de déployer un certain nombre de réponses ».
Sur la lutte contre l’immigration clandestine notamment la délivrance des laissez-passer consulaires indispensables pour l’expulsion des migrants frappés d’une OQTF, Bruno Retailleau a prôné, dès sa nomination dans le précédent gouvernement de Michel Barnier, un « bras de fer » avec l’Algérie, et un dialogue avec le Maroc.
L’immigration est l’un des trois grands dossiers qui empoisonnent les relations entre l’Algérie et la France. Les deux autres sont le Sahara occidental et l’affaire Sansal. Latente depuis des années, la crise entre les deux pays a plongé dans l’abîme le 31 juillet dernier, avec la décision du président Emmanuel Macron de reconnaître la « marocanité » du Sahara occidental.
Aussitôt, l’Algérie a rappelé son ambassadeur à Paris. La situation s’est aggravée avec la convocation, la mi-décembre, par le ministère des Affaires étrangères de l’ambassadeur de France à Alger Stéphane Romatet après les « graves révélations sur l’implication des services de renseignement français, DGSE, dans une campagne de recrutement d’anciens terroristes en Algérie à des fins de déstabilisation », selon le quotidien gouvernemental El Moudjahid.