Il ne subsiste presque plus de doute quant à la formule qui sera retenue pour la formation du nouveau gouvernement algérien. Le président de la République Abelmadjid Tebboune nommera un Premier ministre qui exécutera son programme avec le soutien d’une majorité présidentielle.
C’est le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrazak Makri, qui vient de vendre la mèche. M. Makri s’exprimait ce mercredi 30 juin en conférence de presse pour expliquer les raisons du refus du parti de participer au gouvernement, prise la veille par le Conseil consultatif.
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Selon le président du MSP, le président Abdelmadjid Tebboune « tient à son programme » et les « autres partis ont opté pour la constitution d’une majorité présidentielle ».
« Le président nous a signifié que celui qui veut être dans le gouvernement doit adhérer à son programme électoral en 54 points », ajoute-t-il. Le premier responsable du MSP a été reçu dimanche dernier par le chef de l’État dans le cadre des consultations que celui-ci a engagées avec les partis vainqueurs des législatives du 12 juin pour la constitution du nouveau gouvernement. Le MSP est arrivé en troisième position avec 65 sièges derrière le FLN (98 sièges) et les indépendants (84 sièges).
La Constitution amendée en novembre dernier prévoit la nomination d’un chef de gouvernement dans le cas d’une « majorité parlementaire » ou d’un Premier ministre dans le cas d’une « majorité présidentielle ».
Makri n’a pas précisé quels sont les partis qui se dirigent vers la constitution d’une majorité présidentielle pour porter le programme du chef de l’État. Mais selon toute vraisemblance, il s’agit du Front de libération nationale (FLN), arrivé en tête des dernières législatives avec 98 sièges, du Rassemblement national démocratique (RND, 58 sièges), du Front El Moustakbal (48 sièges) et du mouvement El Bina (39 sièges) et sans doutes une partie des indépendants et peut-être des partis ayant remporté entre 1 et 3 sièges.
« Nous voulons être au pouvoir en non une façade du pouvoir »
« Notre premier choix c’est de participer au gouvernement, mais nous avons compris qu’il n’était pas possible de former une majorité parlementaire, les autres partis sont pour la majorité présidentielle. Ça ne nous concerne pas et nous ne commentons pas leur position, ils sont libres », a dit Makri. Mais cela ne l’a pas empêché de lancer une pique à l’adresse de ces partis en rappelant leur incohérence :
« La logique politique veut qu’on aille vers une majorité parlementaire car tous ces partis étaient des concurrents du président de la République lors des dernières élections présidentielles », a-t-il dit.
Lors de la présidentielle du 12 décembre 2019, le FLN et le RND avaient soutenu le candidat Azzzedine Mihoubi, et Abdelaziz Belaid et Abdelkader Bengrina, respectivement chefs du Front El Moustakbal et du Mouvement El Bina, étaient eux-mêmes candidats.
Le chef du MSP a également révélé ce qui a été proposé, du moins à son parti, par le président de la République lors des dernières consultations.
« Il nous a été demandé de proposer une liste de 27 noms et eux ils choisiront 4 ou 5 noms. Nous n’avons même pas la possibilité de choisir les ministères ou les noms qui seront retenus. C’est comme les fiches de vœux du Bac », ironise-t-il.
« Non, le MSP veut être au pouvoir et non une façade du pouvoir », dit-il, rappelant l’expérience du parti au sein des différents gouvernements depuis les années 1990 et 2012 et l’Alliance présidentielle dont la charte signée avec le FLN et le RND « n’a jamais été respectée ».
Makri dit « respecter » le programme du président de la République, mais rappelle que son parti aussi a pris « des engagements » avec les électeurs qui ont voté pour lui sur la base d’un programme.
Malgré tout, la délégation du MSP, selon son président, n’a pas fermé la porte et tenté de trouver une issue à la situation. « Nous avons proposé au président de prendre les points communs de nos programmes respectifs, qui sont nombreux, ainsi que les aspects positifs des deux programmes et discuter du reste. Mais nous n’avons trouvé ni le cadre ni avec qui poursuivre ces discussions », regrette-t-il.
L’expérience de ces consultations pour la formation du gouvernement et la « fraude » qui, selon lui a entaché les dernières législatives, font dire à Abderrazak Makri que « rien n’a changé » et que « c’est toujours la même chose qu’avant le Hirak » qui, estime-t-il encore, « n’a pas atteint ses objectifs ».
Par la faute, entre autres, de ceux qui, pour des « considérations idéologiques » et pour cacher « leur faible poids », avaient refusé le dialogue au début du mouvement alors que « le rapport de force permettait de réaliser la transition démocratique », juge le président du MSP.