Deux mois après sa mise en service officielle, la ligne Alger – Tizi Ouzou ne tourne toujours pas à plein régime. Cette ligne devait permettre à la base de réduire substantiellement le temps de parcours entre la capitale et le centre-ville de Tizi Ouzou, qui dure parfois plusieurs heures par route en raison des embouteillages monstres qui se forment sur cet axe très fréquenté.
En théorie, le nouveau train devait mettre Alger-centre à une heure, voire moins, de Tizi Ouzou, à raison de deux trains par heure et dans les deux sens. De plus, ce projet, qui a coûté la bagatelle de 57 milliards de dinars, et dont la construction a duré des années, est également doté d’une plateforme pour une pose rapide d’une deuxième voie au cas où la demande sur cette ligne est plus forte que prévue.
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En dépit d’une demande forte…
Mais, plus de deux mois après sa mise en service, cette ligne n’est pas exploitée comme annoncé au départ. Avec seulement douze trains dans les deux sens par jour depuis le début du ramadan (6 par sens), et huit avant (4 par sens), on est loin du compte, en dépit d’une demande forte et grandissante.
Ce n’est pas tout. Conçue pour des trains circulant jusqu’à 160 km/h, selon la fiche technique du projet, la vitesse de ces derniers ne dépasse finalement pas les 100 km/h. Résultats : un temps de parcours de plus d’une heure quarante, d’après les témoignages de certains usagers déçus.
Autre nouveau projet, autre désillusion : ligne Alger – Birtouta – Zeralda connait le même sort. Inaugurée en grande pompe le 11 décembre 2016 par le président Bouteflika, cette ligne électrifiée était censée relier le centre-ville de la capitale à cette grande agglomération située dans l’ouest d’Alger via Birtouta en moins d’une heure.
L’objectif étant d’offrir une alternative moderne de transport aux habitants du grand Alger et par la même occasion contribuer au désengorgement des routes de la capitale, qui frisent la paralysie, notamment pendant les heures de pointe.
Comme pour Alger-Tizi Ouzou, cette ligne n’a pas non plus atteint son plein régime, plus de six mois après sa mise en service. Pourtant, il s’agit d’un projet d’envergure, dont le coût s’élève à 35 milliards de dinars.
La ligne Alger-Zeralda boudée
Contacté par TSA, le directeur de la SNTF, Yacine Bendjaballah, a reconnu l’existence de quelques « insuffisances techniques » sur la ligne Alger – Tizi Ouzou. Pour lui, elles sont liées à la nouveauté de la ligne elle-même.
« Tout d’abord, il s’agit d’un projet neuf récemment réceptionné. Et comme tous les projets, il faut le valider, le certifier et le confier à l’exploitation. Avec l’Anesrif (Agence des investissements ferroviaires), on était d’accord qu’il fallait exploiter cette ligne pour un besoin que tout le monde sait. Et on l’a exploitée avec les contraintes d’un nouveau projet, un nouveau tracé et une nouvelle électrification. L’existence de quelques petites insuffisances d’ordre technique sont tout à fait normales », justifie-il.
Outre ces fameuses insuffisances techniques, le DG de la SNTF évoque le non-achèvement du projet, au niveau duquel certains travaux, comme ceux liés à la clôture de la ligne, sont toujours en cours. « Il y a toujours des ralentissements, il y a toujours des passages à niveau, il y a des pannes d’électricité. Du coup, on ne peut pas atteindre le régime tel qu’il a été dimensionné dans l’étude », explique le patron de la SNTF.
S’agissant de la ligne reliant Alger-Zeralda, M. Bendjaballah, explique le manque de trains par « la saturation » que connait le tracé d’Alger jusqu’à El Harrach, d’une part. D’autre part, le « manque d’engouement » pour cette ligne dont le taux de remplissage ne représente que « 6% », contrairement à celle reliant Alger à Tizi Ouzou de plus en plus demandée.
« Pour développer le transport ferroviaire dans la banlieue algéroise, il faut développer le tronçon commun entre El Harrach et Alger-Centre. Il y a des travaux sur ce tronçon. Mais avec uniquement deux voies électrifiées à Alger, on ne peut pas faire grand-chose. On peut éventuellement envoyer plus de train de Birtouta à Zeralda parce que l’infrastructure le permet, mais pas d’Alger car l’infrastructure est ancienne. On est bloqués », admet-il.
Alger-Tunis toujours pas de date avancée
Par ailleurs, le projet relatif à la mise en exploitation de la ligne Annaba-Tunis a connu un retard aussi. Prévue pour début mai, la mise en exploitation a été reportée sin die. Selon le DG de la SNTF, elle est due à la persistance de certains problèmes « techniques » qui empêchent la circulation des trains entre les deux pays.
« Nous avons un problème de matériel. Nous avons des problèmes techniques. On a fait tout le trajet d’Annaba jusqu’à Tunis et on a constaté cela. Il faut donc reprendre les travaux côté algérien », explique-t-il. Cette ligne sera-t-elle exploitée durant cette estivale ? « On l’espère », répond-il.
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