C’est de nouveau la crise ouverte entre l’Algérie et la France. Alger a décidé ce mardi 30 juillet le retrait de son ambassadeur à Paris, Saïd Moussi, avec « effet immédiat », indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères. C’est la troisième fois en moins de trois ans que l’Algérie rappelle ou retire son ambassadeur en France.
La décision des autorités algériennes fait suite à la reconnaissance par la France du plan d’autonomie marocain comme « seule base » de règlement du conflit du Sahara Occidental dans le cadre de la prétendue souveraineté du Maroc, explique la même source, précisant que l’ambassade d’Algérie en France "est désormais du ressort d’un chargé d’affaires ».
Alger accuse Paris
L’Algérie fustige l’initiative française pour la deuxième fois en moins d’une semaine, après le communiqué du même ministère jeudi dernier.
Dans le communiqué de ce mardi, Alger reproche à Paris d’avoir donné « sa caution franche et catégorique au fait colonial imposé au Sahara Occidental ».
« Sans en mesurer lucidement toutes les retombées potentielles », le gouvernement français actuel a franchi »avec beaucoup de légèreté et une grande désinvolture« , un pas »qu’aucun autre gouvernement français avant lui n’avait cru devoir franchir", accuse la diplomatie algérienne.
Dans le communiqué de jeudi 25 juillet, la diplomatie algérienne a indiqué que les autorités françaises avaient informé leurs homologues algériennes de leur décision d’apporter leur appui au plan d’autonomie marocain.
Ce mardi 30 juillet, jour de la fête du trône au Maroc, l’agence de presse marocaine MAP a rendu publique la teneur d’une lettre dans laquelle le président Emmanuel Macron signifie au roi Mohamed VI la décision de son pays d’apporter son plein soutien au plan d’autonomie marocain.
L’Algérie retire son ambassadeur à Paris suite à l’alignement de la France sur les thèses marocaines sur le Sahara occidental
Pour la France, « le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine » et le plan d’autonomie « constitue désormais la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies », a écrit le président français.
"En reconnaissant le plan d’autonomie marocain comme la seule base de règlement du conflit du Sahara Occidental dans le cadre de la prétendue souveraineté du Maroc, le gouvernement français bafoue la légalité internationale, prend fait et cause pour la négation du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, se démarque de tous les efforts patients et persévérants déployés par les Nations Unies à l’effet de parachever la décolonisation du Sahara Occidental et manifeste une abdication des responsabilités particulières qu’il doit assumer, en toutes circonstances, comme membre permanent du Conseil de Sécurité », fustige le ministère des affaires étrangères algérien.
C’est la troisième fois en moins de trois ans qu’une crise entre Alger et Paris débouche sur le retrait ou le rappel de l’ambassadeur d’Algérie en France.
En octobre 2021, Alger avait rappelé « pour consultations » l’ambassadeur Mohamed Antar Daoud suite à des propos controversés tenus par le président Emmanuel Macron sur l’Algérie, son histoire et ses dirigeants. Antar Daoud n’a repris ses fonctions que début janvier 2022.
Une année plus tard, en février 2023, l’Algérie a procédé au rappel de son ambassadeur Saïd Moussi, nommé à Paris en juillet 2022.
Le précédent espagnol
Alger avait pris cette initiative pour protester contre l’intervention des services diplomatiques français en Tunisie pour exfiltrer l’activiste algérienne Amira Bouraoui. Saïd Moussi a rejoint son poste fin mars de la même année.
Cette fois, l’Algérie a procédé au retrait et non au rappel de son ambassadeur. La différence entre les deux situations est que dans le cas du retrait, le poste reste vacant jusqu’à la désignation d’un nouvel ambassadeur.
En mars 2022, l’Algérie avait rappelé son ambassadeur à Madrid, le même Saïd Moussi, suite à la décision du gouvernement espagnol d’apporter son appui au plan d’autonomie marocain. Le poste était resté vacant jusqu’en novembre 2023 et la nomination de Abdelfetah Daghmoum comme ambassadeur d’Algérie à Madrid.
Le revirement de Madrid sur le dossier du Sahara occidental avait eu d’autres retombées, dont le blocage par l’Algérie du commerce extérieur avec l’Espagne.