Nouveaux billets avec cinq zéros en moins, salaire minimum multiplié par 34, assouplissement du contrôle des changes et nouveau système pour le prix de l’essence: le président vénézuélien a annoncé une série de réformes économiques. Voici ce que l’on sait.
– Cinq zéros en moins –
Lundi, entrent en vigueur de nouveaux billets qui comptent cinq zéros en moins que les actuels bolivars.
La plus grosse coupure sera de 500 bolivars souverains, le nom de cette monnaie, l’équivalent de 50 millions de bolivars actuels (environ 7 dollars au marché noir, la référence de facto). La pièce la plus petite sera de 50 centimes.
Mais Asdrubal Oliveros, directeur du cabinet Ecoanalitica prévient que dans « quelques mois » les bolivars souverains seront rattrapés par l’hyperinflation.
Fin 2016, le lancement de nouvelles coupures, qui multipliaient par 200 la valeur du plus gros billet vénézuélien, avait connu des retards, provoquant des manifestations et des pillages faisant 4 morts. D’autres billets, aux montant encore plus élevés, ont été mis sur le marché en 2017 mais en nombres insuffisants.
Cette fois, les autorités assurent que tout est prêt.
– « Indexation » et hausse salariale –
Le chef de l’Etat socialiste a précisé que le bolivar souverain sera « indexé » à la valeur du petro, la cryptomonnaie vénézuélienne avec laquelle le gouvernement entend contourner le manque de liquidités et les sanctions financières de Etats-Unis.
Les prix et les salaires seront fixés dans les deux monnaies.
Nicolas Maduro a annoncé vendredi soir la multiplication par 34 du salaire minimum, sans préciser la date d’entrée en vigueur de cette hausse. Il s’élèvera alors à un demi petro, soit 1.800 bolivars souverains.
Chaque petro, selon le président, équivaut à environ 60 dollars, sur la base du prix du baril de pétrole vénézuélien.
La prévente privée de mars dernier a débouché sur 5 milliards de dollars d’intentions d’achat, assurait alors le gouvernement. Mais cinq mois après, les transactions avec cette cryptomonnaie sont quasi nulles et le petro reste introuvable dans les bureaux de change en ligne.
En outre, les Etats-Unis ont interdit les transactions avec cette cryptomonnaie, dans le cadre de leurs sanctions.
Le dirigent vénézuélien a annoncé que l’Etat assumerait pendant 90 jours le « différentiel » de l’augmentation du salaire minimum pour toutes « les petites et moyennes industries », sans en préciser les modalités.
– Prix de l’essence –
Toujours dans cet objectif de trouver des liquidités, le président Maduro va aussi augmenter le prix de l’essence, qui était jusqu’ici la moins chère du monde. Le carburant restera subventionné pour les seuls détenteurs d’un carnet de la patrie, carte qui donne accès aux aides de l’Etat. L’opposition dénonce une renforcement du mécanisme de contrôle social.
Les Vénézuéliens ont jusqu’au 30 août, nouveau délai fixé par le gouvernement, pour faire recenser leur véhicule.
Ceux qui refuseront de le faire devront payer l’essence au « prix international », a prévenu Nicolas Maduro, sans préciser ce qu’il entendait par là. Le ministre de la Communication Jorge Rodriguez a annoncé que le nouveau système entrera en vigueur la dernière semaine de septembre.
Actuellement, avec un dollar échangé au marché noir, un Vénézuélien peut s’acheter près de sept millions de litre d’essence, à un bolivar l’unité, mais seulement 1,5 litre de Coca Cola.
– « Taux unique » –
A compter de lundi, est abrogée la loi qui prévoyait des amendes et des peines allant jusqu’à 15 ans de prison pour les auteurs d’opérations de change réalisées en marge du très rigide contrôle exercé par l’Etat depuis 2003.
Les Vénézuéliens pourront se rendre dans des bureaux de change « autorisés », dont 300 doivent ouvrir, a annoncé le ministre de la Communication.
Contrairement à maintenant, il n’existera plus qu’un seul taux de change officiel fluctuant. La valeur de ce dernier n’a pas encore été dévoilée.
Mais en prenant en compte les annonces de Nicolas Maduro qui a fixé la valeur du petro à 3.600 bolivars souverains et que cette cryptomonnaie équivaut, selon le président, à environ 60 dollars l’unité, alors le taux de change officiel serait de 6 millions de bolivars actuels pour un billet vert.
Pour Asdrubal Oliveros, cela revient à reconnaître le « marché noir », où le billet vert s’échange à un taux comparable.