Le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a comparu ce mercredi 19 avril au congrès des députés sur fond de polémique sur ses « concessions » faites au Maroc sur plusieurs dossiers notamment le Sahara occidental.
L’opposition à Pedro Sanchez au parlement espagnol, qu’elle soit de droite ou de gauche, n’a pas manqué l’occasion de cette comparution pour lui demander des comptes sur ses positions controversées sur le Sahara occidental et son penchant assumé vers les positions marocaines.
Certains parlementaires sont allés plus loin, accusant le chef du gouvernement de se soumettre au diktat de Rabat.
Une ministre limogée sur demande de Rabat ?
Cette comparution intervient alors que le journal El Confidencial a fait des révélations ce mercredi 19 avril sur l’influence du Maroc sur Pedro Sanchez.
En effet, c’est le Maroc qui aurait exigé le départ de l’ancienne ministre des Affaires étrangères espagnole, Arancha González Laya, selon ce média. Les faits se seraient déroulés le 2 juillet 2021 alors que les relations entre l’Espagne et le Maroc étaient très tendues.
Le chef du gouv d'#Espagne limogea sa ministre des Aff étrangères (@AranchaGlezLaya) une semaine après que le #Maroc le lui ait demandé. La DGED de Rabat l'a après poursuivie en justice en Espagne. Son remplaçant @jmalbares empêcha sa candidature au BIT.https://t.co/ISOWIsWV7L
— Ignacio Cembrero (@icembrero) April 19, 2023
À cette période-là, l’Espagne accueillait sur son sol Ibrahim Ghali, président de la République sahraouie, pour des soins et au même moment, le Maroc laissait passer des milliers de migrants clandestins sur le sol espagnol via l’enclave de Sebta.
El Confidencial affirme que Pedro Sanchez s’est exécuté une semaine après la requête marocaine. La campagne marocaine contre Gonzalez Laya ne s’était pas arrêtée à la demande de son départ.
Après son limogeage par Sanchez, l’ex-ministre des Affaires étrangères, remplacée par José Manuel Albares, est poursuivie en justice en Espagne par la Direction générale des études et de la documentation, DGED service de renseignement extérieur du Maroc, révèle la même source.
Cette information qui met à mal le chef de l’Exécutif espagnol s’est invitée au débat sur les positions de Sanchez au parlement espagnol ce mercredi.
Le Parti populaire, principal adversaire de droite du parti socialiste espagnol, ainsi que le parti d’extrême droite Vox ont demandé des explications sur la demande marocaine de limogeage de Arancha González Laya.
« M. Sanchez, nous parlons de la souveraineté de notre pays. Avez-vous oui ou non limogé la ministre Laya sur demande du Maroc », a lancé Cuca Gamarra, député du Parti populaire.
« Le Maroc désigne et limoge des ministres en Espagne », s’est offusqué de son côté, Santiago Abascal, chef de file du parti Vox.
Bousculé par ses adversaires politiques, Pedro Sanchez n’a pas été non plus épargné par ses alliés de gauche au parlement espagnol.
Des députés alliés à Sanchez l’ont exhorté à ne pas céder face aux « pressions » et au « chantage » exercés par le Maroc.
« Nous n’arriverons jamais à savoir comment s’est opéré le chantage du Maroc, s’il a impacté le gouvernement espagnol ou bien certains d’entre vous personnellement », dénonce Marta Rosique, députée du parti républicain de gauche (ERC).
Pour sa part, Aitor Esteban du parti nationaliste basque (PNV) a mis en garde Pedro Sanchez contre « les réseaux d’intelligence marocains de plus en plus grands et avec à chaque fois plus de pénétration en Espagne ».
Le revirement espagnol sur le Sahara occidental a également été abordé par un député du parti Unidas Podemos qui forme le gouvernement avec le parti socialiste de Sanchez.
« Le peuple sahraoui ne mérite pas que nous lui tournions le dos quelles que soient les pressions que nous subissons de l’autre côté de l’Atlantique, quels que soient les chantages que tente le Maroc », a lancé Javier Sanchez Serna.
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