La tension est montée d’un cran ce weekend entre le Maroc et le Front Polisario. Les autorités marocaines ont accusé, dimanche 1eravril, le Front Polisario d’avoir effectué des « incursions » dans la zone tampon du Sahara occidental près de Guerguerat, située à la frontière avec la Mauritanie, rapportent plusieurs médias.
« Cette provocation dure depuis un certain temps […] Le Maroc ne pourra pas rester les bras croisés devant des attaques continues cherchant à transformer le statut des territoires à l’Est », a prévenu Abdelouafi Lafti, ministre de l’Intérieur marocain. Le ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, a pour sa part estimé qu’« il y a eu des provocations, des manœuvres […] du Polisario encouragé par l’Algérie pour modifier le statut de cette zone » tampon, placée depuis le début des années 1990 sous la responsabilité des Nations Unies.
« Depuis un certain temps, il y a eu une multiplication des provocations et d’éléments de chantage à l’égard de la MINURSO, des déploiements militaires et des annonces médiatiques qui visent toutes à altérer le statut juridique et historique de la zone à l’Est du dispositif de défense, et notamment à Bir Lahlou et Tifariti », a ajouté le chef de la diplomatie marocaine, affirmant que « ces développements graves constituent une violation directe des accords militaires, un défi et une menace au cessez-le-feu et compromettent sérieusement la stabilité régionale ».
Le Maroc, par le biais de son représentant permanent aux Nations Unies Omar Hilale, a également dénoncé un présumé plan de transférer les locaux de certaines de ses structures administratives et militaires, des camps de Tindouf en Algérie vers la zone située à l’Est du dispositif de sécurité au Sahara occupé, dont font partie les localités de Bir Lahlou et de Tifariti.
En conséquent, le Maroc a interpelé le Conseil de sécurité de l’ONU pour agir en réponse à ces « incursions » supposées. « Si l’ONU, Secrétariat général et Conseil de sécurité, ne sont pas prêts à mettre fin à ces provocations, s’ils n’interviennent pas pour que le statu quo et le statut juridique soient préservés, le Maroc assumera ses responsabilités », a prévenu Nasser Bourita, menaçant que son pays « réagira avec détermination et par tous les moyens à toutes les actions qui pourraient changer le statut de cette zone, il s’agira d’un ‘’casus belli’’ dont le Maroc tirera tous les enseignements ».
Les accusations marocaines sont-elles fondées ? Selon une source proche du dossier, « contrairement à ce qu’affirme le Maroc, le Polisario est présent depuis toujours à Tifariti et dans les zones dites libérées ». « Le Polisario y organisait même des réunions publiques au pied du mur de sable », affirme notre source.
« La vraie raison de cette agitation et cette volonté de dramatiser les tensions ont pour objectif de peser sur la version définitive du rapport du secrétaire général de l’ONU, afin de tuer dans l’œuf toute idée de reprise des négociations directes entre le Polisario et le Maroc. Ces derniers ne voulant surtout pas en entendre parler », estime la même source. Rabat anticiperait également des conclusions défavorables du rapport de l’envoyé spécial de l’ONU.