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Nucléaire iranien : Trump sape la crédibilité des Etats-Unis, complique l’équation avec Pyongyang

Nucléaire iranien : Trump sape la crédibilité des Etats-Unis, complique l’équation avec Pyongyang

En retirant son pays de l’accord sur le nucléaire iranien, Donald Trump n’a pas seulement sapé la crédibilité diplomatique américaine, il a aussi sérieusement compliqué la donne dans les négociations avec la Corée du Nord, estiment des experts.

Le président américain est censé rencontrer dans les prochaines semaines le leader nord-coréen Kim Jong Un pour discuter de l’arsenal nucléaire de Pyongyang, dans une nouvelle illustration de l’extraordinaire détente sur la péninsule coréenne.

Mais Donald Trump, qui n’avait jamais eu de mots assez durs pour l’accord sur le nucléaire iranien, vient d’annoncer le retrait des Etats-Unis de ce compromis de 2015, fruit de longues négociations internationales acharnées pour empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique.

Une décision prise alors même que les autres signataires de l’accord ont défendu jusqu’au bout ce texte qu’ils jugent « historique », soulignant que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) avait régulièrement certifié son respect par Téhéran.

Secrétaire d’Etat adjoint sous Barack Obama, Antony Blinken a estimé que la volte-face américaine compliquait le dossier nord-coréen.

« Pourquoi Kim (…) croirait-il les engagements du président Trump si celui-ci déchire arbitrairement un accord que respecte l’autre partie? » a-t-il demandé sur Twitter.

Une opinion partagée par Vipin Narang, professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT), prestigieuse université américaine: « Aujourd’hui rappelle au monde que les accords sont réversibles et peuvent avoir des dates de péremption, et que les armes nucléaires peuvent être une assurance-vie. »

– « Folie » –

La Corée du Nord, qui est aujourd’hui encore techniquement en guerre faute de traité de paix, a toujours justifié le développement de programmes nucléaire et balistique par la menace que les Etats-Unis feraient planer sur la survie même de son régime.

Le conseiller américain à la sécurité nationale, John Bolton, affirmait fin avril que les Etats-Unis pensaient « au modèle libyen de 2003, 2004 » pour la dénucléarisation du Nord.

Mouammar Kadhafi, qui dirigeait alors la Libye, avait annoncé en décembre 2003 renoncer à tout programme de développement d’armes de destruction massive (ADM) après neuf mois de négociations secrètes avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.

Mais le leader libyen avait été renversé en 2011 par une rébellion soutenue par des frappes aériennes occidentales, puis tué.

Pyongyang a souvent cité cet exemple, de même que le sort funeste de l’ex-président irakien Saddam Hussein, pour justifier du bienfondé de ses programmes militaires pourtant interdits.

Pour l’ex-patron de la CIA John Brennan, la « folie » de Trump a « miné la confiance mondiale dans les engagements américains, aliéné nos alliés les plus proches, renforcé les faucons iraniens et donné à la Corée du Nord davantage de raisons de garder ses bombes nucléaires ».

– L’allié chinois –

L’imprévisibilité du président américain suscite également l’inquiétude à la « Maison Bleue », la présidence sud-coréenne.

D’autant que Donald Trump a pris sa décision en dépit des mises en garde de ses alliés européens, en s’asseyant sur plus d’une décennie de patients efforts diplomatiques qui avaient impliqué Paris, Londres et Berlin, mais aussi Pékin et Moscou.

Dans ce contexte, que pèsent désormais les efforts de paix du président sud-coréen Moon Jae-in?

Pour certains experts, les deux voyages réalisés en Chine par Kim Jong Un montrent qu’il cherche le soutien de son allié traditionnel chinois.

M. Kim a rencontré cette semaine le président chinois Xi Jinping pour la deuxième fois en un peu plus d’un mois, alors qu’il n’avait en cinq ans au pouvoir jamais pris la peine d’aller lui présenter ses hommages.

« La Corée du Nord est pleinement consciente des risques de voir les Etats-Unis renoncer à tout accord en cas de changement de gouvernement », a déclaré à l’AFP Koh Yu-hwan, de la Dongguk University.

« Pour se prémunir contre cette éventualité Kim Jong Un a rencontré deux fois Xi Jinping pour obtenir des garanties de la Chine en matière de sécurité, avant d’entrer dans des négociations avec les Etats-Unis. »

D’après l’agence officielle Chine Nouvelle, M. Kim a déclaré au dirigeant chinois que le Nord n’avait pas besoin d’être un Etat nucléaire « si les parties prenantes abolissent leurs politiques hostiles et leurs menaces sur la sécurité » du pays.

« Cela signifie que le Nord veut un engagement global en faveur d’un accord avec les Etats-Unis pour empêcher les Etats-Unis d’en sortir de façon unilatérale », a estimé M. Koh.

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