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“Nuit parfaite” pour Benzema, jours de gloire pour le Real et Zidane

Après un an en clair-obscur, Karim Benzema a retrouvé la lumière mardi pour s’offrir une “nuit parfaite” en demi-finale retour de Ligue des champions. Et voilà l’équipe de Zinédine Zidane en finale pour la troisième saison d’affilée, bien décidée à prolonger son ère glorieuse.

. Le grand soir de Benzema

Hué, moqué, critiqué, l’avant-centre français (30 ans) a traversé un long tunnel d’inefficacité avant de briller à nouveau avec un doublé face au Bayern Munich (2-2). “Ressuscité”, selon les mots du quotidien El Pais.

“Cela a été une nuit parfaite pour moi et pour tout le monde”, a savouré Benzema, le triomphe modeste. “Je suis ici pour travailler. Il y a de bons moments, d’autres parfois difficile. Mais j’ai vraiment pris du plaisir dans ce match, avec le public et toute l’équipe.”

En neuf années au Real, celui que les médias espagnols appellent simplement “Karim” a pu vérifier combien les supporters madrilènes sont exigeants – voire volatiles: fustigé pour ses statistiques jugées indignes d’un N.9 merengue (11 buts en 42 matches cette saison), il a été finalement ovationné par le stade Bernabeu, au terme d’une prestation étincelante.

“La nuit était tellement folle que même Benzema a marqué”, a osé le journal El Mundo, tandis que Marca, quotidien sportif le plus lu d’Espagne, plaçait en ‘Une’ une photo de dos du Français avec ce titre: “A l’assaut de la 13e!”, la 13e C1 de l’histoire du Real.

“On a assisté à une immense rédemption de Benzema, dont beaucoup d’entre nous étions lassés”, a résumé dans un éditorial Alfredo Relaño, directeur du journal madrilène As. “Il est reparti avec deux buts et le plus grand nombre de ballons récupérés (7), épuisé mais heureux.”

. Zidane croyait en son étoile

En janvier, au plus fort de la crise de résultats du Real, la presse réclamait des renforts au poste d’avant-centre et de gardien, mais Zidane avait refusé toute recrue. Et Benzema comme Keylor Navas, infranchissable, lui ont donné raison.

“J’ai défendu Karim comme je défends tous mes joueurs”, a simplement commenté Zidane, souvent qualifié de “grand frère” par Benzema.

Le scénario se répète puisque “KB9”, déjà contesté, avait été décisif en demi-finale retour l’an dernier avec un dribble d’anthologie contre l’Atlético.

“Il a montré dans une demi-finale de Ligue des champions, comme l’année dernière, que c’est un grand joueur. Il n’a jamais baissé les bras”, a souligné l’entraîneur madrilène.

Au coup de sifflet final, la star Cristiano Ronaldo a réservé une longue accolade à son meilleur complice. Et tous les joueurs ont salué la persévérance de cet avant-centre atypique et collectif, plus créateur que finisseur.

“Cela fait des années qu’il travaille pour l’équipe. Il a signé un match incroyable”, a résumé le milieu Toni Kroos.

. En Bleu, trois ans à l’ombre

Eclaboussé par la fameuse affaire du chantage à la sex-tape, Benzema n’a plus porté le maillot de l’équipe de France depuis 2015, au point qu’il semble improbable qu’il soit au Mondial cet été (14 juin-15 juillet).

L’avant-centre a d’ailleurs expliqué dans une récente interview au magazine Vanity Fair qu’il ne ferait rien pour tenter de convaincre le sélectionneur Didier Deschamps.

“S’ils ont besoin de moi, ils savent où je suis”, a-t-il lancé, désabusé.

Et paradoxalement, les deux seuls attaquants français titulaires en demi-finale de C1, Benzema et Franck Ribéry, ne seront pas du voyage en Russie…

. Le 26 mai, une soirée pour l’histoire

A Kiev, Benzema et le Real peuvent devenir les premiers à gagner trois C1 d’affilée depuis le Bayern Munich (1974-1976).

Meilleur buteur français de l’épreuve-reine européenne (55 buts), cinquième meilleur marqueur de l’histoire, l’avant-centre a un autre record en vue: être avec Raphaël Varane le premier Français à gagner quatre C1 pour dépasser le mythe Raymond Kopa (3).

Tout cela en dit long sur la régularité du Real de Zidane: champion d’Europe 2014 comme entraîneur adjoint, puis à nouveau sacré en 2016 et 2017 comme entraîneur principal, “Zizou” peut devenir le premier technicien de l’histoire à gagner trois fois de suite le titre continental.

“Ce n’est pas normal d’être en finale pour la troisième fois d’affilée”, a reconnu Zidane. “Mais maintenant que nous y sommes, il faut essayer de gagner.”

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