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Hausse des prix : « Il faut un couffin plein d’argent pour aller au marché »

Hausse des prix : « Il faut un couffin plein d’argent pour aller au marché »

En parcourant les allées des marchés de la capitale, on se croirait en plein mois de ramadan. Car habituellement, c’est durant  les premiers jours de ce mois sacré que les prix prennent l’ascenseur en Algérie.

Cette fois-ci, nous sommes loin de cette période de jeûne. L’été s’apprête à plier bagage et la rentrée scolaire se profile à l’horizon.  Depuis quelques jours, les consommateurs ne savent plus à quel saint se vouer.

Et pour cause : les prix de tous les produits ont connu une sensible augmentation. Fruits, légumes, viandes blanches, légumes secs, produits d’hygiène, huiles, semoule, farine, pâtes… Une flambée jamais vue !

Une inflation qui met à rude épreuve les bourses moyennes, sachant que les petits porte-monnaie  sont déjà à l’agonie, écrasés par le rouleau-compresseur de la cherté de la vie.

Au début de l’année, tout le monde avait crié au scandale : farine, semoule et huile avaient connu une légère majoration de leurs prix. En réalité, ce n’était que le début de l’inflation. Avec la dévaluation du dinar, les prix ne cessent d’augmenter au fil des mois. En nous rendant dans quelques marchés de la capitale, nous avons pu constater que la mercuriale a vraiment flambé.

Le poulet inaccessible

Vendu autour de 550 DA le kilo, le poulet est devenu inaccessible au commun des Algériens. Au marché Ferhat Boussaad (ex-Meissonnier) dans le centre d’Alger, ils sont plusieurs clients à s’enquérir du prix puis à s’éloigner sans rien acheter du tout.

« A 1.000 DA le kilo de blanc de poulet, proteste une dame, je préfère me rabattre sur la viande rouge. Autrefois, le poulet était à la portée des bourses moyennes. A présent, il n’y a que les riches qui peuvent se permettre d’en avoir dans leur assiette. »

Le vendeur tente de se défendre : « Je n’y suis pour rien. Ce matin, j’ai payé le kilo de poulet 460 DA au marché de gros. Nous, vendeurs de viandes blanches, ne sommes que des intermédiaires. C’est la loi de l’offre et de la demande. Élever des poulets n’est plus rentable à cause de la cherté du maïs, un produit importé, justifie-t-il. La plupart des éleveurs ont raccroché, d’où la rareté de ce produit et donc de sa cherté ».

Cette inflation a également touché les œufs qui se vendent entre 14 et 15 dinars la pièce. Du jamais vu de mémoire de consommateur.

La sardine bon marché, dites-vous ?

Ces derniers jours, un refrain revient souvent : la sardine est très bon marché, il faut en profiter. La belle affaire ! En nous rendant à la poissonnerie de Ferhat Boussaad, nous n’avons rien vu de ces prix imbattables. 600 DA le kilo, nous lance le poissonnier qui reconnaît l’avoir vendu à 400 DA le kilo il y a une semaine.

Absence d’affichage

Sur les étals de ce marché, aucun prix n’est affiché, témoignant de l’absence totale de contrôle. Les chalands demandent les prix et s’enfuient, abasourdis par ce qu’ils viennent d’entendre. Même les produits de saison comme les poivrons, tomates, pastèques, leurs prix sont jugés trop élevés.

Tomates : 140 DA ; poivrons : 160 DA ; laitue : 200 DA ; aubergines ;  120 DA et carottes : 130 DA ; pommes de terre : 85 DA ; haricots verts : 200 DA ; navet : 220 DA ; courgette : 120 DA ; concombre : 100 DA ; chou-fleur : 130 DA, pastèques et melon : 120 DA ; pommes : 550 DA ; poires : 450 DADA ; figues : 500 DA ; grenade : 300 DA ; raisins : 350 DA ; banane : 270 DA.

Du côté des produits de large consommation, c’est également le coup de massue. Dans cette supérette d’Alger-centre, les prix donnent le tournis. A titre d’exemple, le kilo de lentilles qui se vendait il  n’y a pas si longtemps à 180 DA, s’affiche à 280 DA. Les 500 grs de pâtes coûtant  récemment 55 DA sont commercialisées entre 85 et 100 DA.

Le couscous est passé de 120 à 190 DA le kilo. Le riz a fait un bond de 50 à 60 DA s’affichant aujourd’hui à 150 DA. La semoule se vend entre 70 et 90 DA le kilo. Le paquet de café de 500 g est passé de 180 da à 210 DA. La farine a vu son prix majoré de 40 DA, s’affichant à 90 DA. Les haricots secs caracolent à 350 DA et ses cousins les pois-chiches à 300 DA.

Les produits d’hygiène n’ont pas échappé à cette inflation : savons, eau de javel, liquide vaisselle… Tous les prix ont bondi de 40 DA en moyenne.

Paupérisation de la classe moyenne

« A ce train-là, on va devoir aller au marché avec des couffins pleins de billets et en repartir avec juste quelques articles, ironise un consommateur. Tout brûle. On ne peut rien acheter avec ces prix de folie. Le pouvoir d’achat poursuit sa chute libre. C’est très grave ! Les pouvoirs publics doivent réagir de toute urgence ! Il faut revoir les salaires des travailleurs à la hausse.  On va tout droit vers la paupérisation de la classe moyenne. Que dis-je ? On y est déjà ! »

D’autres dénoncent l’absence des contrôleurs dans les marchés. « Regardez, il y a un défaut d’affichage. Les commerçants font la pluie et le beau temps. Des quatre coins de la ville, ils ont synchronisé leurs prix pour nous déplumer », lâche un sexagénaire. « Où est l’Etat ? Où est le ministère du Commerce ? Où sont les associations de protection des consommateurs ? Ce que les citoyens veulent, ce ne sont pas juste des constats. Oui, les prix ont flambé. Oui, le pouvoir d’achat s’est détérioré. D’accord, tout le monde le sait ! Mais quelle est la solution ? ».

Le dinar poursuit son effondrement entraînant dans son sillage une inflation sans précédent.  Jamais une pareille hausse n’a été constatée en Algérie, surtout qu’elle a touché tous les produits, sans exception. Les budgets des ménages sont complètement déstabilisés et la rentrée scolaire va enfoncer le clou. Désemparés, les citoyens ne savent plus sur quel pied danser.

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