Cherif est politologue. Dans cet entretien, il anticipe sur la mobilisation des Algériens demain vendredi, et revient sur la répression contre les manifestants.
La démission de Belaiza est-elle suffisante pour calmer la rue ?
Cherif Dris, politologue : Les marches des étudiants, mardi dernier, est un signe très fort que les citoyens vont rester mobilisés. On s’attend à une forte mobilisation pour ce vendredi. Et la démission de M. Belaiz de la présidence du Conseil constitutionnel et son remplacement par M. Feniche, n’est pas la réponse appropriée que le peuple attendait. Donc, il faut s’attendre à ce que la population sorte en masse d’autant que le seuil des revendications est monté d’un cran.
Est ce que la répression va impacter le moral des manifestants ?
C’est vrai qu’il y a eu certains agissements notamment des militants qui ont été arrêtés. Arrêter des militants est inacceptable. Cela s’inscrit dans le cadre d’une stratégie d’intimidation. Cela comprend aussi le fait de restreindre l’accès à la capitale à travers des barrages filtrants. Cela fait partie de la stratégie des forces de sécurité consistant à marquer leur territoire et qui semblent dire on est là et on contrôle la situation et ce n’est pas aux manifestants d’avoir le dessus. Si vous voulez, on est un peu dans une logique de rapport de force. Cela dit, le fait d’avoir tiré des bombes lacrymogènes et intimidé les manifestantes en les emmenant dans un commissariat, aura certainement l’effet contraire de ce qui est recherché, c’est-à-dire l’intimidation. Et la marche des étudiants l’a encore démontré : les jeunes ne vont pas cédé et n’entendent pas arrêter la mobilisation. Il faut s’attendre à une très forte mobilisation comme une réponse à toutes ces intimidations et ces tentatives de restreindre ce qu’on appelle l’espace de mobilisation.
En tant qu’universitaire comment réagissez-vous à l’intervention musclée de forces de sécurité dans l’enceinte la Fac de droit d’Alger ?
J’estime que l’intervention dans une enceinte ou une franchise universitaire doit être réglementée dans le cadre strict de la loi. Maintenant quelles en sont les raisons ? si l’intervention est destinée à déloger les étudiants qui font une activité des plus pacifiques, cela me parait disproportionné et non justifié, sachant qu’il n’y pas eu des menaces avérées sur le bon fonctionnement de l’établissement.