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OQTF, Accord de 1968, mémoire : Tebboune répond à la France

OQTF, Accord de 1968, mémoire : Tebboune répond à la France

Par Oleksii | Adobe Stock
France - Algérie

L’Algérie a répondu ce samedi 5 octobre à la France sur les dossiers liés à l’accord de 1968, aux OQTF, à la mémoire, qui empoisonnent les relations entre les deux pays.

Les réponses sont venues du président de la République Abdelmadjid Tebboune qui n’a usé de langue de bois pour répondre au nouveau gouvernement français de Michel Barnier. 

D’abord sur les accords franco-algériens de décembre 1968. Le ministre de l’Intérieur français Bruno Retailleau qui est partisan de leur abrogation unilatérale, a fait état de sa volonté de les renégocier. « C’est un épouvantail », a répondu le président Tebboune au sujet de l’accord de 1968, qui est devenu une « coquille vide », selon lui.

Tebboune : l’accord de 1968 est une « coquille vide »

« L’accord de 1968 est venu pour restreindre les Accords d’Evian qui ont institué la libre circulation des personnes entre les deux pays. Les Européens sont partis, la France a exprimé ensuite son désir de stopper le flux migratoire, nous avons dit d’accord. Il y a eu une révision en 1985, puis en 1995 et en 2001. Son contenu a été vidé. Il est devenu un slogan politique qui est fait pour réunir leurs extrêmes », a-t-il asséné, en ajoutant que « l’accord de 1968 est l’étendard derrière lequel marche l’armée des extrémistes » en France.

Le président Tebboune a accusé ceux qui brandissent cet « étendard » de chercher la « revanche ».

 « Ils se trompent, et nous n’allons pas entrer dans ces futilités », a-t-il ajouté. « Si c’était sérieux, il n’y a pas de problèmes. Mais le brandir comme un étendard, ce chantage avec tel ou tel article, c’est complètement faux. Ils sont en train de raconter des histoires au peuple français. Les accords de 1968 n’influent en rien sur la qualité de l’immigration, ni sur la sécurité de la France et 65% des Français n’ont rien à voir avec ça. C’est une minorité haineuse qui cultive la haine qui veut salir l’Algérie. Ils n’arriveront pas. L’accord de 1968 est une coquille vide. Cette minorité raciste oublie que 60% de notre communauté en France sont des binationaux », a ajouté le président Tebboune.

OQTF : « C’est complètement faux »

Le chef de l’État a répondu aussi sur les accusations françaises contre l’Algérie concernant le dossier des OQTF (Obligation de quitter le territoire français).

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a accusé le gouvernement algérien de ne pas délivrer suffisamment de laissez-passer consulaires pour rapatrier les Algériens frappés d’une OQTF en France. Il a annoncé sa décision d’engager un bras de fer avec l’Algérie sur cette question, en brandissant la menace de réduire drastiquement les visas.

Pour le président Tebboune, tout ce qui se dit en France sur les OQTF et l’Algérie est « complètement faux ».

 « Ce sont des mensonges », a-t-il réagi, en accusant Bruno Retailleau de chercher à faire détester l’Algérie aux Français. « Votre tendance est connue, vous cherchez à faire détester l’Algérie aux Français », a assené le président Tebboune.

Tebboune : « l’Algérie a été choisie pour le vraie grand remplacement »

 « Ce sont des contrevérités, et ils le savent », a-t-il ajouté, avant de proposer au gouvernement français d’aborder les « sujets sérieux » entre les deux pays. « Si vous voulez aborder les sujets sérieux, venez nettoyer les sites où vous avez effectué des expériences nucléaires. Il y a des gens qui meurent encore, d’autres impactés. Vous êtes devenus une puissance nucléaire, et nous avons eu les maladies. Venez nettoyer Oued Namous, où vous aviez développé vos armes chimiques, et jusqu’à présent nos moutons, nos chameaux meurent après avoir mangé de l’herbe contaminée. C’est cela la vraie question, ce n’est pas dans un faux débat sur l’accord de 1968 », a-t-il encore asséné.

Le président Tebboune a accusé la France de refuser de décontaminer les sites où elle a effectué des expériences nucléaires et chimiques en Algérie, « 62 ans après l’indépendance. » « C’est 60 ans de négociations, à chaque fois ils disent une chose », a-t-il dit. « La minorité extrémiste a eu le dessus en France », a regretté le président Tebboune.

Mémoire : « Il y a eu un génocide en Algérie »

Sur la mémoire, le président Tebboune a eu des mots très durs à l’égard de l’ancienne puissance coloniale. « L’Algérie a été choisie pour le vrai grand remplacement qui est de chasser la population locale pour ramener la population européenne. Combattre l’islam pour christianiser l’Algérie et en faire une terre européenne avec des messages, avec une armée de Charles X génocidaire. On ne peut effacer l’histoire », a dit le président Tebboune.

Le président Tebboune a rappelé que « l’Algérie était un État » avant l’invasion française en 1830, et qu’elle « dominait la Méditerranée ».

« La résistance a duré 70 ans, avec des millions de morts. Des tribus et des villages ont été rasés. Il y a eu un génocide. On demande la vérité historique. Nous demandons une reconnaissance sur les crimes coloniaux. J’ai convenu avec le président Macron de refonder les relations. L’Algérie n’était  pas un protectorat. Il ne faut pas falsifier l’histoire », a-t-il dit, en accusant une « minorité raciste » en France de saper les efforts de refondation des relations entre les deux pays, comme convenu lors de la visite du président Macron en août 2022 en Algérie.

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