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OQTF : l’Algérie et le Maroc expriment leur désaccord avec la France

OQTF : l’Algérie et le Maroc expriment leur désaccord avec la France

Le débat en France sur les reconduites aux frontières et l’exécution des OQTF est relancé depuis le meurtre d’une jeune étudiante française de 19 ans. Le présumé tueur est un marocain en instance d’expulsion, qui a été interpellé en Suisse.

Le nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau fait de l’exécution des OQTF (obligation de quitter le territoire français) une de ses priorités.

Aux propos tenus jusque-là les concernant, l’Algérie et le Maroc ont apporté des réponses. Si Rabat s’est contenté de précisions plutôt techniques, Alger a posé le problème dans sa dimension politique. Les deux pays ont exprimé leur désaccord avec le gouvernement français.

Il y a une insistance dans le débat interne en France sur l’immigration algérienne, l’attitude du gouvernement algérien par rapport à la délivrance des laissez-passer consulaires ou encore la révocation de l’accord bilatéral de 1968 sur l’immigration.

L’Algérie prête à la rupture

L’extrême-droite et la droite dure, dont est issu Retailleau, font de l’Algérie un point de fixation, que ce soit sur la question de l’immigration ou de la mémoire. En pleine crise politique entre les deux pays, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a recadré le débat, refusant d’entrer « dans les futilités ».

Dans un entretien diffusé samedi 5 octobre par la télévision algérienne, le président Tebboune a balayé d’un revers de main tout ce que ressassent en ce moment les extrémistes en France.

« C’est complètement faux », a-t-il dit à propos de l’accord de 1968, brandi comme un « épouvantail » et « étendard derrière lequel marché l’armée des extrémistes », ou encore concernant les accusations faites à l’Algérie de refuser de reprendre ses ressortissants en situation irrégulière.

« Votre tendance est connue, vous cherchez à faire détester l’Algérie aux Français », a lancé le chef de l’État à l’adresse du ministre français de l’Intérieur.

Dans le message qu’il a voulu passer, le président de la République n’a pas mis dans la même catégorie le président Emmanuel Macron qui fait partie « d’une autre génération » et qui n’a « pas pris part au colonialisme », et les « extrémistes » qui « cherchent la revanche » et veulent « faire détester l’Algérie aux Français ».

 Les deux pays sont en crise et Abdelmadjid Tebboune a assuré qu’il préserve le dernier lien avec Macron, « le cheveu de Muawiya », pour ne pas aller à la rupture totale. Mais il faut que tout cette animosité à l’égard de l’Algérie cesse et ne pas laisser « les gamins » détruire ce qui reste de la relation bilatérale. A desseins politiques, réplique politique.

OQTF : le Maroc renvoie la balle à la France 

Le Maroc a en revanche réagi au discours ambiant en France par une réponse très technique sur l’exécution des OQTF. Il est vrai que le royaume n’a pas de fortes raisons de soupçonner quelque visée politique avec la lune de miel actuelle entre les deux pays.

Dans un entretien au Figaro jeudi 3 octobre, Bruno Retailleau a proposé, sur cette question des laissez-passer consulaires, un « dialogue » au Maroc et promis un « bras de fer » avec l’Algérie.

Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères du Maroc, a abordé le sujet à l’issue d’une rencontre avec le président du gouvernement régional des Canaries (Espagne), mardi 8 octobre à Rabat.

Le chef de la diplomatie marocaine a à peine accusé certaines parties en Europe de faire de l’immigration « un fonds de commerce politicien ».

Sa réponse aux griefs de la partie française a été technique. En France, certains avaient avancé que le sans-papiers marocain qui a tué la jeune étudiante en septembre dernier n’a pas été expulsé car les autorités marocaines n’avaient pas délivré le laissez-passer consulaire nécessaire à l’exécution de l’OQTF.

Le chef de la diplomatie marocaine a assuré que son pays « est prêt à rapatrier tout migrant irrégulier dont il est attesté qu’il est Marocain et est parti depuis le territoire marocain », estimant que le problème se situe plutôt au niveau de l’administration des pays qui réclament les laissez-passer consulaires, sans citer nommément la France.

« Si ces migrants ne reviennent pas, c’est en raison d’obstacles de l’autre partie« qui donc, selon lui, doit »trouver des solutions aux lacunes dans les lois et procédures qui créent un appel d’air pour les migrants". « Le Maroc pas à recevoir de leçons en matière de lutte contre l’immigration clandestine », a dit Bourita.

Le Maroc renvoie la balle aux pays européens

« Les obstacles n’ont pas émané du Maroc mais des procédures de ces pays », a-t-il insisté, marquant ainsi le désaccord de Rabat avec Paris sur la question relative à l’exécution des OQTF.

Selon Bruno Retailleai, la France a délivré 205.853 visas aux Algériens, et l’Algérie « n’a repris que 2191 de ses ressortissants, dont 1680 en éloignement forcé. Ce n’est pas acceptable ».

Le Maroc n’a pas fait mieux. Durant la même année, la France a délivré un peu plus de visas aux Marocains (238.750) alors que le Royaume n’a délivré que 725 laissez-passer, selon le même Retailleau qui a donné ces chiffres dans un entretien au Figaro Magazine publié début octobre.

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