Le Premier ministre français, Michel Barnier, veut calmer le jeu avec l’Algérie concernant le dossier relatif à la délivrance des laissez-passer consulaires pour le rapatriement des Algériens frappés d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Dans un entretien accordé au JDD publié ce dimanche 20 octobre, Michel Barnier a plaidé pour le dialogue, qualifiant l’Algérie de « pays proche de la France », ce qui avec le discours quelque peu agressif adopté par son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, juste après la formation du gouvernement le 21 septembre dernier.
Michel Barnier prend ses distances avec le discours agressif de Retailleau
Bruno Retailleau a affiché sa volonté d’instituer « un rapport de force » avec les pays qui ne délivrent pas suffisamment de laissez-passer consulaires pour rapatrier leurs ressortissants indésirables sur le territoire français.
Il a ainsi promis un dialogue avec le Maroc et d’aller au « bras de fer » avec l’Algérie sur la question des laissez-passer consulaires, indispensables pour l’expulsion des clandestins frappés d’une OQTF.
« Par exemple, le Maroc, c’est un pays ami que je respecte énormément. J’ai déjà eu mon homologue, le ministre de l’Intérieur, nous allons d’abord dialoguer », avait déclaré le locataire de la place Beauvau.
En revanche, pour les pays « qui vont être récalcitrants », dont justement l’Algérie, Retailleau avait évoqué le bras de fer, à travers notamment trois leviers. Il s’agit de celui des visas (qu’il comptait conditionner avec la délivrance des laissez-passer), de l’aide au développement et des tarifs douaniers.
Michel Barnier plaide pour un dialogue avec l’Algérie au sujet des OQTF
Dans un long entretien accordé ce samedi 19 octobre au quotidien, Le Journal du Dimanche (JDD), le Premier ministre Michel Barnier s’est montré plus diplomatique, tout en restant ferme sur la question de l’immigration illégale.
En réponse à la question de savoir s’il compte activer les trois leviers abordés par Retailleau pour faire pression sur les pays qui ne délivrent pas assez de laissez-passer consulaires, dont particulièrement l’Algérie, Barnier a plaidé pour « un esprit de dialogue ».
« Dans un esprit de dialogue, nous allons prolonger ou reprendre les discussions avec ces pays », a-t-il déclaré. Le premier ministre français a ajouté, à ce sujet : « On ne le fera pas de manière agressive, mais en mettant à plat tous les outils de la coopération bilatérale ».
Le dialogue pour lui est « dans l’intérêt de tous, à condition de ne pas les mettre (les pays qui ne délivrent pas assez de laissez-passer) en accusation, parce qu’ils ont leurs propres contraintes », a encore expliqué Michel Barnier.
France – Algérie : après la tempête, vers un retour au calme au sujet des OQTF ?
Michel Barnier a ajouté qu’il y a « des pays proches de la France comme l’Algérie et le Maroc avec qui le dialogue est possible ».
À travers ce dialogue, le Premier ministre français compte ainsi « examiner toutes les dimensions, si nécessaire, de la délivrance des visas à l’aide au développement ».
Il s’agit d’un message clair et d’une volonté d’apaisement de la situation avec l’Algérie au sujet des OQTF et des laissez-passer consulaires, notamment après les dernières déclarations du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, samedi 5 octobre.
À noter que c’est la première fois, depuis la récente réponse de Tebboune, qu’un haut responsable au gouvernement français parle du sujet et évoque explicitement l’Algérie, avec comme fond d’idée, un dialogue et une volonté de calmer le jeu.
Le 5 octobre, le chef de l’État a en effet abordé plusieurs questions liées à la France lors d’un entretien télévisé, dont l’accord franco-algérien de 1968, que le ministre de l’Intérieur français souhaite réviser.
Pour le président Tebboune, cet accord est devenu un « étendard derrière lequel marche l’armée des extrémistes » de droite en France, qui cherchent à l’abroger. Entre autres déclarations fortes, le président algérien a également écarté l’idée d’une visite en France.
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