Le nouveau ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, poursuit sur sa lancée dans sa croisade contre l’immigration, avec celle originaire d’Algérie comme point de fixation.
Dans sa dernière sortie médiatique, ce jeudi 3 octobre sur RTL, il s’est montré disposé à dialoguer avec le Maroc, qu’il « respecte énormément », tout en promettant d’aller au « bras de fer » avec l’Algérie sur la question des laissez-passer consulaires.
« Je ne ferai pas d’eau tiède »
« Je ne ferai pas d’eau tiède. Désolé pour ceux qui voudraient de l’eau tiède, ça ne marche plus », a dit d’emblée le nouveau ministre de l’Intérieur qui a déjà entamé l’organisation de vols charters pour rapatrier des migrants de Mayotte, territoire français dans l’océan Indien, vers la République démocratique du Congo.
« Ce n’est pas un symbole, c’est une politique qui consiste à dire que celles et ceux qui sont arrivés de façon irrégulière sur le territoire français en outre-mer comme en métropole, n’ont pas vocation à rester chez nous », a-t-il assuré.
Parmi ses autres actions envisagées, la révision de la loi pour porter le délai de la rétention de 90 à 210 jours (comme ce qui est fait avec les terroristes) et de créer 3000 places supplémentaires dans les centres de rétention.
Mais il faudra que la rétention débouche sur l’expulsion. Or, cela nécessite l’accord préalable des pays d’origine des clandestins.
France : Bruno Retailleau veut aller au bras de fer avec l’Algérie sur l’immigration
« Pour reprendre le contrôle, il y a la réponse internationale, qui va consister à des accords bilatéraux pour que des pays d’origine mais aussi des pays de transit acceptent qu’on leur renvoie leurs ressortissants », explique Retailleau
Pour lui, la proposition de « zéro visa » de Marine Le Pen, cheffe de file du Rassemblement national (RN), est « une idée toute théorique ».
Retailleau veut « instituer un rapport de force » avec les pays qui ne délivrent pas suffisamment de laissez-passer consulaires pour rapatrier leurs ressortissants indésirables sur le territoire français.
« Par exemple, le Maroc, c’est un pays ami »
Mais d’abord, « il y aura le dialogue », a-t-il dit. « Par exemple, le Maroc, c’est un pays ami, que je respecte énormément. J’ai déjà eu mon homologue le ministre de l’Intérieur, nous allons d’abord dialoguer », dit-il.
En revanche, pour les pays « qui vont être récalcitrants », Retailleau brandit trois leviers. D’abord celui des visas. « L’Algérie, on délivre plus de 200 000 visas et on a un peu moins de 2000 laissez-passer consulaires en retour. Je veux la réciprocité », a-t-il exigé.
Les deux autres leviers qu’il compte utiliser sont l’aide au développement et les tarifs douaniers, tel qu’il a eu à l’expliquer dans l’une de ses précédentes sorties.
Dans une interview parue mercredi dans Le Figaro, interrogé sur le Maroc, Retailleau a préféré rebondir sur l’Algérie, détaillant les chiffres des visas et des laissez-passer consulaires concernant les Algériens. Selon lui, en 2023, l’Algérie a obtenu 205 853 visas, et elle n’a repris que 2191 de ses ressortissants, dont 1680 en éloignement forcé.
« Nous sommes très – trop – généreux, sans être payés de retour (…) Ce n’est pas acceptable », a-t-il jugé.
En 2023, le Maroc a obtenu 230.750 visas de la France, soit un plus que l’Algérie, mais il a délivré moins de laissez-passer consulaires. Durant la même période, le royaume a délivré « 725 laissez-passer et réalisé 865 départs forcés », selon Retailleau qui n’a pas donné les chiffres liés au nombre de ressortissants des deux pays frappés d’OQTF.