Les prix des voitures d’occasion se maintiennent à des niveaux élevés à Oran, en dépit de la conjoncture morose en termes de pouvoir d’achat des ménages. La baisse des quotas d’importation des véhicules neufs a en effet profité au marché de l’occasion. Sur les marchés spécialisés, les voitures d’occasion se vendent globalement toujours aussi bien et maintiennent des hauts niveaux de prix, conservant une excellente cote.
Au marché informel des voitures d’occasion situé au quartier Les Castors, à Oran, les courtiers ne prennent pas de jours de congé. La grande affluence est enregistrée en fin de journée et surtout, les week-ends. Ici, les courtiers ont pignon sur rue. Tous les moyens sont bons pour convaincre les acheteurs potentiels, et ce ne sont pas les arguments qui manquent.
Chaque jour, le quartier est pris d’assaut par une nuée de voitures. Des véhicules japonais, des voitures françaises en bon état ou qui se laissent à désirer, de luxueuses berlines allemandes, des voitures de collection pour les passionnés, des véhicules dernier cri… Il y en a pour tous les goûts.
Dès l’instant où une voiture s’arrête, clients et curieux abordent son chauffeur. On s’approche d’une Renault Clio année 2015 blanche, très propre. « C’est une belle voiture. Elle n’est pas accidentée et elle n’a aucune retouche sur la tôle », assure Sid Ahmed, un revendeur qui demande 850 000 dinars pour la céder. Juste à côté de la Clio blanche se trouve une Clio grise, de 2013, proposée elle à 550 000 dinars.
Sofiane, 38 ans, est venu vendre une Mercedes immatriculée en 2010. Son compteur affiche 125 000 kilomètres. « À 300 millions de centimes, je vends », affirme-t-il. « Elle n’a jamais été accidentée. La tôle est impeccable, elle n’a subi aucune retouche. Les deux seules choses que je signale sont que les pare-chocs avant et arrière ont été repeints », précise le propriétaire, qui exerce le métier de courtier depuis une vingtaine d’années.
« Pour acheter une voiture au marché, il est fortement recommandé de ne pas y aller seul. Il y a beaucoup de risques d’arnaque. Il vaut mieux être accompagné par un mécanicien et surtout par un tôlier, quitte à débourser environ 1 000 DA », conseille un commerçant venu s’enquérir des prix pour acheter une fourgonnette.
« Personnellement, j’accorde une grande importance à la prépondérance de la marque sur le parc local. Plus celle-ci est large, mieux la voiture est cotée et facile à revendre car les pièces de rechange ne sont pas difficiles à trouver », confie de son côté un quadragénaire venu acheter une Kia Picanto.
Justement, un modèle immatriculé en 2016 est proposé à la vente. « C’est une Sportline 1.2 ess 87ch. 15 000 km au compteur », explique son propriétaire qui la vend à 1,9 million de dinars. Un autre vendeur juste à côté propose sa Skoda Superb Elegance 2014 blanche, un moteur 2.0 TDI 140ch ayant roulé 50 000 km, à 3 millions de dinars.
« Depuis leur forte augmentation en 2015, les prix se maintiennent à des niveaux élevés », témoigne un revendeur. « C’était un commerce assez lucratif pour nous les revendeurs. Mais, dernièrement notre chiffre d’affaires a souffert du ralentissement des ventes », confie un autre courtier.
Au marché d’occasion du quartier Les Castors, les transactions ne sont conclues qu’après d’âpres négociations, et la vente est souvent finalisée dans l’un des deux cafés du quartier. Le segment de l’occasion aurait pu être une belle opportunité pour les concessionnaires de voitures. « Dans beaucoup de pays, les concessionnaires automobiles vendent des voitures d’occasion. Ce n’est malheureusement pas le cas en Algérie. Pourtant, l’occasion est un marché porteur », regrette un client rencontré dans ce marché. Un potentiel rehaussé après l’interdiction d’importer des véhicules d’occasion et la réduction des importations de voitures neuves.