Oran s’apprête à accueillir les Jeux méditerranéens à partir du 25 juin. À quelques jours de la cérémonie d’ouverture, la fièvre s’empare de la grande ville de l’ouest algérien qui s’empresse à soigner les ultimes détails avant l’arrivée des athlètes qui prendront part à cette 19e édition.
Dimanche 19 juin. La journée est bien ensoleillée et la température est douce en ce début d’un été oranais pas comme les autres. Nous sommes à la rue Khemisti, principale artère du centre-ville.
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Il est 11 heures, la circulation est encore fluide et les boutiques commencent à ouvrir leurs rideaux. Younes, vient d’ouvrir son magasin d’optique. En l’interrogeant sur ce qu’il pense des jeux méditerranéens, voici sa réponse: « Ah, vous tombez à pic, car je n’arrive pas à acheter mon billet sur le site du comité d’organisation des jeux. Le système de réservation en ligne des tickets d’accès au Complexe olympique n’est pas encore en service », s’impatiente-t-il.
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Younes tient à tout prix à assister à la cérémonie d’ouverture prévue dans le tout nouveau complexe olympique situé à Belgaïd, à une quinzaine de kilomètres, à l’Est de la ville.
C’est le compte à rebours. Il ne reste plus que quelques jours avant le moment où la flamme méditerranéenne soit allumée à El Bahia, quatre ans après les jeux de Tarragone en Espagne.
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Un total de 3.434 athlètes issus de 26 pays, sont attendus pour prendre part à cette 19e édition prévue du 25 juin au 6 juillet. « Après JM d’Alger en 1975, Oran a tellement envie d’organiser ces Jeux, car ça lui permet d’être au centre de l’attention à travers tout le pourtour du bassin méditerranéen pendant dix jours et ça fait venir beaucoup de touristes », confie Salima, responsable d’un club de volleyball féminin, basé dans la station balnéaire de Aïn El Turck.
Une belle victoire pour El Bahia
Oran a commencé à travailler sur sa candidature, il y a dix ans. Les autorités ont préparé un bon dossier.
La décision du Comité international des Jeux méditerranéens (CIJM) de choisir Oran comme la ville hôte, s’est faite sept ans avant l’événement, pour laisser à la capitale de l’ouest algérien de faire tous les travaux nécessaires à l’accueil d’une compétition aussi importante.
L’organisation a nécessité du temps, du travail et beaucoup d’argent. Pour la ville hôte qu’est Oran, l’organisation des Jeux représente un projet ambitieux et très coûteux. Et forcément, le coût est bien plus élevé que prévu. L’Algérie a mis le paquet.
En tant que ville candidate, Oran a proposé des projets très ambitieux pour faire gagner sa candidature auprès du CIJM. Des projets dont les budgets ont été sous-évalués. Une rallonge budgétaire de 13 milliards de DA vient d’ailleurs d’être mobilisée pour payer les dernières factures liées aux interminables chantiers.
« L’attribution des jeux était déjà une belle victoire pour Oran et le pays entier. Beaucoup d’efforts ont été consentis d’abord pour décrocher l’attribution de ces jeux. Ensuite, ces jeux nécessitent une gigantesque organisation en amont qui se voulait à la hauteur de l’évènement. Le plus dur a commencé dès l’annonce de cette désignation. Nos installations sportives étaient un peu vieilles ou pas assez nombreuses. Il fallait dès lors soit les rénover, soit en bâtir de nouvelles. Il a fallu aussi construire le Complexe olympique, le village méditerranéen et bien d’autres infrastructures. Bref, tout ça a demandé une grande organisation », affirme un responsable à la direction locale de la jeunesse et des sports.
« Les impacts sur le territoire hôte oranais sont réels, en lien notamment avec les exigences organisationnelles accrues du Comité international des Jeux méditerranéens. Ces multiples obligations d’organisation conduisent les instances responsables à planifier à long terme ces réalisations urbaines, de manière à tenter de les reconvertir, après les jeux. Les milliards de dinars nécessaires pour organiser les jeux font passer cet événement sportif international à l’état de projet urbain extrêmement complexe et coûteux, mais ayant un fort impact sur la trame urbaine », souligne M. Merani, enseignant en sciences économiques à l’université d’Oran.
« La tenue sur le sol oranais de cette manifestation sportive constitue une excellente opportunité qui va bien au-delà du seul champ sportif. Elle est aussi économique et donne une excellente image à l’Algérie qui a su relever les défis », analyse cet universitaire.
De grands aménagements ont été aussi réalisés pour l’embellissement de la ville. Un architecte urbaniste qui a travaillé sur le chantier d’aménagement à Belgaïd, estime que « sur le plan structurel et urbanistique, accueillir les Jeux, c’est à la fois s’inscrire sur une vision, une démarche symbolique dans la spatialité de la ville et lui offrir une formidable opportunité économique ».
Cet urbaniste estime que « les projets urbains liés aux Jeux méditerranéens répondent à des choix stratégiques, car par l’envergure des interventions sur la ville, tous ont des impacts, positifs sur la trame urbaine ».
Un riche patrimoine historique et culturel
Les infrastructures sportives sont fin prêtes pour accueillir les épreuves qui se dérouleront à travers 22 sites. Plusieurs infrastructures ont été rénovées à l’image du palais des sports Hamou Boutlelis, du terrain de tennis des Palmiers, du centre équestre ou encore du stade « les Castors ».
Un nouveau pôle sportif a été érigé à Sig, relevant de la wilaya de Mascara pour un budget de plus de 2 milliards de DA. S’étalant sur 11 hectares, le site comprend un très beau stade de football, une salle omnisports qui accueillera des matchs de handball, de volleyball et de basketball, une piscine olympique, un bassin nautique et un stade d’athlétisme.
À Oran, et à quelques kilomètres du Complexe olympique de Belgaid, est érigé un vaste village méditerranéen. Base de vie de haut standing dédiée aux athlètes et aux officiels, le site peut héberger plus de 4000 personnes. Le village abrite 3 stades, 5 salles omnisports pour les entraînements, une polyclinique, des restaurants, une zone de transport, des services bancaires et postaux, un centre médical, quatre zones de loisirs et un théâtre.
Au-delà du sport, Oran fera aussi valoir ses nombreux atouts pour captiver l’admiration des athlètes et des touristes nationaux et internationaux qui afflueront à l’occasion de ces jeux.
La grande ville de l’ouest algérien mise notamment sur la richesse de son patrimoine historique et culturel, mais aussi sur ses scènes musicales. Oran est avant tout la capitale du Raï. Le théâtre de verdure Hasni Chekroune accueillera les festivals nationaux de la chanson oranaise et de la chanson raï. Le théâtre de rue sera aussi au menu. Oran accueillera également durant la période de ces jeux le 22e Festival culturel Européen, prévu du 23 juin au 1er juillet. Enfin, une exposition sur la préhistoire et l’anthropologie se tiendra au musée national public Ahmed Zabana.