La polémique s’installe en France sur l’explosion de l’antisémitisme dans le sillage de la guerre sanglante que mène Israël contre Gaza depuis le 7 octobre dernier.
De passage ce mardi sur RMC, l’imam de la Grande mosquée de Paris a estimé qu’il faut rapporter des cas concrets d’actes antisémites pour conclure à une explosion du phénomène.
Des propos qui ont provoqué une réaction du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qui a dénoncé des « insinuations choquantes ». La polémique s’installe après la sortie de Darmanin et celle de la Grande mosquée de Paris qui s’est démarquée des propos de son imam.
L’imam Abdelali Mamoun s’est demandé sur le plateau de RMC « où sont ces 1.200 actes antisémites qu’il y a en France », estimant qu’il faut donner des cas concrets, comme des synagogues attaquées, des cimetières profanés ou des individus agressés dans la rue à cause de leur confession juive.
« On nous donne ces chiffres mais on ne nous explique pas ce qu’il y a », a-t-il insisté.
Les propos de l’imam Mamoun ont d’abord suscité la réaction du député franco-israélien Meyer Habib, grand défenseur du gouvernement d’extrême-droite de Benyamin Netanyahou, qui les a jugés « troublants et inquiétants ».
Puis c’est au tour de la Grande mosquée de Paris de se démarquer clairement de ce qu’a dit Abdelali Mamoun.
Dans un communiqué rendu public en milieu de journée, le recteur Chems-Eddine Hafiz a indiqué que la Grande mosquée de Paris « s’inscrit en faux avec les propos tenus par Monsieur Abdelali Mamoun ».
Hafiz a ajouté qu’il s’est entretenu avec l’imam qui lui a exprimé « son regret d’avoir été confus » alors qu’il « n’entendait pas remettre en cause les chiffres alarmants des actes antisémites en France ».
Tout en précisant que M. Mamoun n’est pas le porte-parole de la Grande mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz lève toute équivoque en indiquant que son institution « ne minimise pas » et « ne relativise pas l’ensemble des actes antisémites survenus en France ces dernières semaines ». Le recteur de la Grande mosquée de Paris a aussi exprimé sa « totale confiance » en les chiffres du ministère de l’Intérieur relatifs à la question.
Antisémitisme en France : Darmanin détaille ses chiffres
Une position saluée par Gérard Darmanin. « Je remercie la Grande Mosquée de Paris pour les éclaircissements donnés et pour s’être inscrit en faux dans la minimisation des actes antisémites qui touchent la France », a écrit le ministre sur X.
Gérald Darmanin a dit réprouver « totalement » les « insinuations choquantes » tenues ce matin « par un invité de RMC », sans citer l’imam Mamoun.
En réponse, Gérald Darmanin a publié des chiffres détaillés sur l’antisémitisme en France, sans donner des cas précis, comme l’a demandé l’imam de la Grande mosquée de Paris.
Selon lui, il y a eu en France depuis le début de l’année 1762 faits antisémites, 564 faits antichrétiens et 131 faits antimusulmans.
S’attardant sur les actes antisémites, Gérald Darmanin a précisé qu’ils ont consisté en 50 % de tags, affiches ou banderoles (morts aux juifs, des croix gammées…), 22 % de menaces et insultes, 10 % d’apologie du terrorisme, 8 % d’atteintes aux biens, 6 % de comportements suspects, 2 % de coups et blessures et 2 % d’atteintes aux lieux communautaires.
Par répartition géographique, Paris est la zone la plus touchée avec 11 % de cas, suivie par le Rhône et les Hauts-de-Seine (5 %) puis les Bouches-du-Rhône, les Alpes-Maritimes et la Seine-Saint-Denis (4 %). Le ministre de l’Intérieur a en outre fait savoir qu’il a été dénombré 8 952 signalements pour appel à la haine en ligne.
« J’invite chacun à porter plainte s’il a connaissance ou qu’il est victime d’un acte antireligieux », a-t-il conclu.
L’interrogation de l’imam de la mosquée de Paris est aussi dénoncée par le Consistoire Central de France qui s’est dit « outré » par les propos « scandaleux » tenus sur RMC.
Le Consistoire accuse l’imam de se faire « le porte-voix de thèses complotistes, en laissant entendre que le recensement des actes antisémites ne correspondrait pas nécessairement à la réalité des faits ».
Aussi, il réclame du ministère de l’Intérieur de communiquer « le recensement complet et à date des actes antisémites » en France afin de « rétablir la vérité des faits ».
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