En exprimant son soulagement suite à une décision du tribunal arbitral du sport (TAS) en faveur du président de la Fédération algérienne de football (FAF), le Marocain Abdeslam Ouaddou ne se doutait pas qu’il allait déclencher une tempête de réactions négatives dans son pays.
Les faits. Le président de la FAF a obtenu gain de cause auprès du TAS après le rejet de son dossier de candidature au comité exécutif de la FIFA. Kheireddine Zetchi peut désormais postuler au siège très convoité de l’Afrique au sein de l’institution internationale.
Honnêtement, Abdeslam Ouaddou ne pouvait pas avoir une autre attitude que d’applaudir la décision du TAS, sachant que la FAF lui a ouvert les portes du staff technique de la sélection nationale pour y effectuer son stage d’entraîneur, sans qu’il n’ait aucun lien avec l’Algérie, ni par ses origines (il est de père d’origine malienne et de mère marocaine) ni par son parcours de footballeur.
C’est en février 2020 que Ouaddou a intégré le staff technique national sous la houlette de Djamel Belmadi, son ami de longue date. « C’est avec honneur que nous accueillons cet ex-grand joueur international à la carrière riche qui fut à la fois mon ex-partenaire à Valenciennes et que j’ai eu la chance de coacher pour mes débuts d’entraîneur à Lekhwiya. La volonté, le sérieux ainsi que la persévérance dont a fait preuve M. Ouaddou pour passer brillamment tous ses diplômes sont des valeurs à laquelle je suis particulièrement attaché. Donc, il me semble cohérent et logique d’accueillir au sein de notre fratrie de l’EN algérienne une personne exemplaire telle que M. Ouaddou », avait déclaré Belmadi à propos de l’arrivée du Marocain.
Bien entendu, le coach national n’aurait pas pu le faire venir sans l’aval du président de la Fédération. « Nous sommes effectivement très heureux d’accueillir M. Ouaddou Abdeslam au sein du staff de la sélection algérienne afin de suivre un stage dans le cadre de la préparation de sa licence UEFA Pro. Ceci veut dire que notre sélection est devenue une véritable référence sur le plan continental et international. » Les propos sont de Kheireddine Zetchi en personne et sont encore visibles sur le site de la Fédération algérienne de football.
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« Dictature de la bien-pensance marocaine »
Logique renvoi d’ascenseur : « The right man at the right place. 1 homme capable de booster le football africain par son intégrité, son honnêteté, son humilité, ses Valeurs de travail et surtout la connaissance de l’écosystème du football. Mon soutien indéfectible à M. Zetchi Président de la FAF .»
En s’exprimant ainsi sur Twitter après la décision du TAS, Ouaddou a déclenché l’ire de ses compatriotes car parmi les adversaires de Zetchi au scrutin en question figure un certain Fouzi Lekjaa, qui n’est autre que le président de la Fédération royale marocaine de football. Les réactions ne se sont pas fait attendre.
On notera celle de Noureddine Naybet, ancien international marocain. « Je ne peux m’empêcher d’exprimer mon choc face à ce qu’a dit Ouaddou. C’était un coéquipier au sein de l’équipe nationale, et il se souvient très bien du bon traitement qu’il a reçu pendant les longues années où il a porté les couleurs du Maroc. Ouaddou a le droit d’avoir des positions, mais il est honteux de soutenir un concurrent au détriment de son compatriote Marocain, Fouzi Lekjaa », a jugé l’ancien capitaine des Lions de l’Atlas dans un communiqué.
« Ce n’est pas uniquement ma position, mais plutôt celle de tous nos collègues de l’équipe nationale, tels que Rachid Daoudi, Hassan Nader, Fattah AL-Allawi, Badr Oadouri, Hassan Abrami, Meri Karimou et d’autres », a ajouté l’ancien joueur du Deportivo La Corogne.
« Mon message à une partie de la dictature de la bien-pensance marocaine suite à ma prise de position. Il est question de sport et de football en particulier. Ne dérivons pas sur la politique. Cordialement », a laconiquement répondu Abdeslam Ouaddou sur Twitter.
Oui, il s’agit bien de politique, dans un contexte de tensions entre les deux pays, et les Marocains n’auraient jamais dû prendre la position de leur compatriote du mauvais côté. Car lorsque Zetchi et Belmadi avaient ouvert les portes de la sélection championne d’Afrique au joueur, on n’a pas entendu une seule voix en Algérie qui conteste la décision. Pas même chez les techniciens nationaux qui n’ont pas eu cette chance.