Ahmed Ouyahia garde le cap. Jeudi soir à l’hôtel Aurassi, le Premier ministre a défendu les restrictions à l’importation et appelé les opérateurs algériens à s’appuyer sur la communauté des anciens d’Algérie ou les pieds noirs pour conquérir des marchés à l’international.
“Nos voisins (Marocains et Tunisiens) ont senti le besoin d’exporter il y a plusieurs décennies”, a déclaré Ouyahia lors de la cérémonie de remise du prix du meilleur exportateur algérien pour l’année 2017, qui a été décerné à la Sarl Boublenza, qui produit notamment la poudre de caroube.
Pour le Premier ministre, l’exportation dépend d’une “production suffisante et de qualité”. “Jusqu’à aujourd’hui, nous ne couvrons pas notre marché national”, a-t-il remarqué. Et de lancer la balle dans le camp des entreprises algériennes : “L’État vous offre, vous les opérateurs économiques, le marché de votre pays en premier chef.”
“Les mesures de protection ou de sauvegarde de l’économie nationale nous permettent stratégiquement de faire durer les réserves de change du pays, mais elles vous offrent le marché”, a-t-il soutenu.
Ouyahia a assuré que les restrictions à l’importation constituaient “le deuxième apport des pouvoirs publics au monde économique algérien en termes de soutien”.
“Aujourd’hui, nous regardons vers l’extérieur”, a-t-il ajouté, en notant avec “grande satisfaction” la présence de plus en plus “significative” des opérateurs algériens sur les marchés extérieurs. “Nous étions il y a quelques années présents (à l’étranger) avec des produits agroalimentaires, suivis de produits électroménagers. Nous en sommes aujourd’hui au ciment et bientôt avec de la sidérurgie”, a-t-il souligné.
Enchaînant, le Premier ministre a demandé aux hommes d’affaires algériens d’avoir une “politique plus agressive, mieux organisée en matière d’approche des marchés étrangers”. “Une grande part de cette bataille est la votre”, a-t-il lancé.
“Je vous invite à regarder vers des communautés d’anciens d’Algérie qui peuvent vous ouvrir des portes. J’ai consacré presque 20 ans de ma carrière à l’Afrique. Je sais ce que pèsent nos compatriotes comme capacités d’ouverture de portes en Afrique, et ce que pèsent aussi d’anciens d’Algérie, la communauté des pieds noirs, pour approcher des marchés”, a suggéré Ouyahia.
Après avoir défendu les mesures de sauvegarde de l’économie nationale et appelé à s’appuyer sur les pieds poids et les expatriés pour conquérir des marchés à l’étranger, le Premier ministre a levé une partie du voile sur ce qui pourrait être la future politique du gouvernement en matière d’incitations à l’exportation.
“Si je vous invite à avoir une approche qualitative, agressive, professionnelle dans la conquête de nouveaux marchés, je vous dirai que dans quelques années, nous commencerons à graduer le soutien de l’État aux exportations, selon la plus value dégagée”, a-t-il annoncé. Et de préciser : “Celui qui exporte un produit 100% bénéficiera d’un soutien plus important. Celui qui fait de l’intégration bénéficiera d’un soutien à la hauteur de son taux d’intégration”.