Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, a entamé cette semaine un périple électoral qui le mènera à travers la quasi-totalité des wilayas du pays. À première vue, en pleine campagne électorale, le chef du RND est dans une mission ordinaire comme les autres responsables de partis. Sauf que Ouyahia porte une deuxième casquette, celle de directeur de cabinet du président Abdelaziz Bouteflika.

Sillonner 40 wilayas

Au-delà du conflit d’intérêts évident, la décision d’Ouyahia de mener une campagne à plein temps suscite des interrogations. En mars, son porte-parole, Chihab Seddik, avait annoncé dans un entretien accordé à TSA que les meetings d’Ouyahia seront programmés uniquement durant les week-ends. C’est d’ailleurs de cette manière que le patron du RND avait l’habitude de s’organiser lors des précédents scrutins.

Cette année, Ouyahia décide de déserter son bureau à El Mouradia pour se consacrer entièrement à la campagne électorale. Selon une source au RND, Ahmed Ouyahia « a pris un congé » spécialement pour sillonner le pays durant cette campagne. Ce dernier visitera selon la même source « 40 wilayas ».

Ce choix est fait au moment où les doutes sur l’état de santé du président Bouteflika ont ressurgi à la faveur de l’annulation de plusieurs audiences prévues avec des officiels étrangers en visite en Algérie.

Malade, le président Bouteflika semblait pourtant compter beaucoup sur la présence d’Ahmed Ouyahia à la présidence pour la gestion des dossiers importants. C’est du moins l’impression qu’Ouyahia donne dans ses différentes interventions publiques.

Une conjoncture difficile

Dans ce cas, il est très difficile de comprendre la décision de ce dernier de s’éloigner près d’un mois de la présidence pour mener tranquillement la campagne électorale loin d’Alger dans une conjoncture politique, économique et diplomatique très particulière.

Les rares séquences diffusées ces derniers jours par la télévision algérienne qui concernent les audiences accordées par le président montrent un homme malade et terriblement affaibli. Dans ces conditions ne serait-il pas plus raisonnable pour Ouyahia, qui se considère comme « l’homme fort de la présidence », de rester à El Mouradia ? Le fait que ce congé ait été accepté dans ces circonstances particulières pourrait aussi signifier que la présence d’Ouyahia à la présidence n’est pas si essentielle pour le fonctionnement de cette institution.

Préparer les futures échéances

Par ailleurs, une question se pose : au profit de qui Ouyahia mène-t-il réellement cette campagne ? Pour lui personnellement ? Ou pour le compte de son parti ?

Ce « congé spécial » qui coïncide avec un rendez-vous électoral sans réels enjeux constitue en réalité une occasion en or pour Ouyahia, dont la popularité a été sérieusement entachée durant ses passages à la tête du gouvernement, de développer son programme et sa vision en s’adressant directement aux citoyens.

C’est un véritable atout en prévision de 2019 et pourquoi pas d’un changement au gouvernement après les élections. D’ailleurs, dans ses meetings, Ouyahia multiplie les promesses sociales, comme consacrer un quota de logement pour les jeunes célibataires.

Mais en attendant ces échéances une question se pose : qui gère la présidence en l’absence du premier magistrat du pays et de son chef de cabinet ?