Politique

Ouyahia tord définitivement le cou à l’initiative du MSP

Le peu de doute qui subsistait quant au sort de l’initiative de sortie de crise du MSP s’est dissipé. Ahmed Ouyahia, que Abderrazak Makri a rencontré ce dimanche 29 juin au siège du RND à Ben Aknoun, a signifié un niet catégorique au volet politique du projet de construction d’un consensus politique et économique national.

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« Nous sommes d’accord sur le fait que le pays connait des difficultés économiques et sociales, et que nous sommes dans un environnement international qui n’est pas sans dangers pour le pays », a déclaré Ouyahia à l’issue de la rencontre qui a duré plus de deux heures. Voilà donc le seul point de convergence entre les deux formations politiques. Pour le reste, la position du deuxième parti de la majorité ne diffère en rien de celles du FLN et du MPA.

Pas de crise politique, donc pas de nécessité d’aller vers une transition démocratique et encore moins d’impliquer l’armée de quelque manière que ce soit.

Ahmed Ouyahia s’est même montré plus tranchant que Djamel Ould Abbes et Amara Benyounès en allant droit au but : « Il n’y a ni crise ni problèmes politiques. Nous avons rappelé à nos partenaires du MSP que nous avons lancé un appel public au moudjahid Abdelaziz Bouteflika pour qu’il poursuive son œuvre de construction, pour assurer la stabilité de l’Algérie. Clairement, nous ne pouvions pas être d’accord sur ce point (…) Dans l’entretien, il a été dit que nos amis ne partagent pas notre avis quant au fait que nous appelons M. Bouteflika à continuer, parce qu’il est physiquement diminué. Je leur ai rappelé que lorsque certaines mauvaises langues disaient en 2003-2004 que M. Bouteflika habitait à la télévision ou dans un avion, il y avait déjà une opposition qui disait ‘tout sauf Bouteflika’ ».

Comme on pouvait le soupçonner, la substance du projet de M. Makri porte donc sur la recherche d’un consensus autour de la position à adopter vis-à-vis de la prochaine présidentielle, plus particulièrement la question du cinquième mandat, contrairement aux dénégations de son initiateur qui soutenait qu’il est encore prématuré d’évoquer ce genre de « détails ».

Plus à l’aise que son vis-à-vis en conférence de presse, Ouyahia va plus loin et prend tout son temps pour détruire une à une les propositions qui lui ont été soumises « d’une manière différente de ce qui est dit dans la presse », révèle-t-il. « Concernant le consensus politique autour de la prochaine présidentielle, nous avons dit à nos partenaires que, d’abord, il est encore tôt d’évoquer la question. Ensuite, parler de consensus à la veille d’un rendez-vous électoral, c’est remettre en cause la souveraineté populaire. Chacun se présente et le peuple choisit. Pour ce qui est de la période de transition, ce n’est pas logique dans un pays où des élections sont organisées tous les cinq ans », tranche Ouyahia.

Quant à l’appel lancé à l’armée pour accompagner une période de transition, il le juge tout aussi inopportun : « Notre conception au niveau du RND, c’est que l’armée est la deuxième institution constitutionnelle après le président de la République qui incarne l’unité nationale. Il est donc préférable de ne pas l’impliquer dans les débats politiques et partisans où il est dans l’ordre des choses qu’il y ait des divergences ».

Mais n’y a-t-il pas une corrélation entre la crise politique et les difficultés économiques ? Ouyahia ne se montre pas en panne d’argument pour rejeter l’approche, citant « un pays qui a fait sa révolution dans le cadre du printemps arabe politiquement sans réussir pour autant à régler ses problèmes économiques et sociaux », faisant sans doute allusion à la Tunisie, sans la citer.

Pour résumer, Ouyahia a clairement signifié que beaucoup sépare les points de vue des deux partis. Soit tout le contraire de la lecture de Abderrazak Makri qui, devant les représentants des médias, a parlé de convergence de vues sur « 75% des questions abordées », réitérant l’espoir de faire avancer les choses lors de « prochaines rencontres ».

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